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Thorn, la poutre néo-zélandaise

Brad Thorn

Brad Thorn - -

Au pays des All Blacks, les trois-quarts virevoltants ne sont pas les seuls à être vénérés. Les hommes de l’ombre, discrets mais diablement efficaces, suscitent aussi le respect. A l’image du deuxième-ligne Brad Thorn (36 ans), qui fêtera dimanche, lors de la finale de la Coupe du monde face à la France, sa 59e sélection. La dernière.

Difficile de faire mieux comme adieux. Le vétéran des Blacks, Brad Thorn, jouera dimanche contre la France son dernier match sous le maillot noir. Une finale de Coupe du monde que le joueur de 36 ans compte bien gagner. Interrogé hier sur sa satisfaction d’avoir battu les Wallabies en demi-finale, sa réponse a fusé : « Vous pensez que dans quelques années quelqu’un en aura quoi que ce soit à faire de cette victoire ? Bien sûr que non ! » Le tout prononcé avec cette voix rauque et posée, et en regardant ses chaussures.

« Big bad Brad » (« le grand méchant Brad »), comme on le surnomme, aurait assurément sa place dans un western de Clint Eastwood. Peut-être pour une prochaine reconversion... Car après la Coupe du monde, le deuxième-ligne ira poser ses valises au Japon, dans le club des Fukuoka Sanix Blues. L’hiver dernier, il avait bien été en contact avec Clermont, mais l’affaire ne s’était pas faite. Le joueur souhaitait passer plus de temps avec ses quatre enfants et a préféré se diriger vers une fin de carrière dans le championnat nippon. Une manière de boucler la boucle paisiblement, après une quinzaine d’années passées au plus haut niveau.

Auto-exclu des Blacks

Né en Nouvelle-Zélande, Brad Thorn déménage avec ses parents pour l’Australie à l’âge de 8 ans. Là-bas, le colosse (1,95m, 114 kilos) commence par le rugby à XIII. Une carrière de haute volée, d’ailleurs, puisqu’il deviendra international aussie et disputera le State of Origin, une série de matches qui oppose deux sélections de l'île. Mais Thorn doit avoir le mal du pays. Il revient en Nouvelle-Zélande au début des années 2000 pour se mettre au XV. Il devient rapidement All Black et participe au Mondial 2003, qui se solde par une élimination du XV à la fougère argentée en demi-finale.

Thorn n’a pas vécu la déroute de Cardiff contre la France en 2007. Retourné jouer à XIII, il s’était alors auto-exclu du groupe néo-zélandais. Il faut croire que la perspective de gagner une Coupe du monde à domicile l’a persuadé de faire une dernière fois l’aller-retour entre les deux rugbys. Dimanche, il a été énorme contre l’Australie, comme tous ses coéquipiers du 8 de devant. Pour beaucoup de Néo-Zélandais, l’image de la soirée est celle de Brad Thorn, exultant et faisant se lever tout l’Eden Park lorsque la mêlée kiwi emporta une nouvelle fois son opposante. « J’adore ces ambiances, je ne ressens aucune pression, je profite du moment », explique le joueur. Avant de prévenir : « Toute la semaine, je vais me préparer à la bataille contre la France. » Les Bleus sont prévenus.