Tonga, le poids des traditions

Les Tonga s'apprêtent à vivre une grande fête, ce vendredi à l'Eden Park pour le match d'ouverture de la Coupe du monde contre la Nouvelle-Zélande. Mais derrière les apparences festives de l'archipel, se cachent aussi un côté sombre.

Les Tonga ont annoncé la couleur. Ils étaient près de 7000 à l’entraînement ouvert au public, mercredi soir, du côté d’Auckland. Maillot rouge sur le dos, drapeau en main, ils ont chanté à la gloire de leur sélection. Car le rugby est une religion dans cet archipel du Pacifique de 120 000 habitants. A chaque rencontre de la sélection nationale au Mangweni Stadium, ils sont plusieurs milliers à se précipiter à même la pelouse du stade pour assister aux rencontres. Et pour ceux qui ne parviennent pas à rentrer, c’est accroché aux cocotiers qui entourent l’enceinte qu’ils admirent la rencontre.

Et pourtant, le Tonga n’est pas à l’abri de soubresauts. Le pays se serait bien passé de ce coup d’éclat fédéral à un mois de la Coupe du monde. Le Parlement tongien s’est ainsi offert la tête du président de la Fédération, l’Australien Bob Tucker. Principale motivation pour Sangster Saulala, auteur de la pétition de défiance : le salaire accordé à l’ancien international des Wallabies (environ 130 000€). Sans oublier ses frais d’hôtel entièrement pris en charge par la Fédération. Alors, les politiques ont voulu lui associer un adjoint de leur choix. Trop pour Tucker qui présente sa démission en dénonçant l’interférence entre politique et rugby. Ce putsch a bien failli ébranler l’équipe nationale, puisque l’IRB était en droit d’intervenir pour régler le litige.

Un ancien international : « Trouver un juste milieu entre tradition et rugby »

Car c’est tout le mal qui ronge actuellement l’archipel. « Beaucoup trop de gens s’immiscent dans la gestion de l’équipe, regrette Afi Leuila ancien international tongien. Les nobles interfèrent dans la composition de l’équipe et dans la vie du groupe. Ils pensent pouvoir donner leur avis alors que dans la majorité des cas, ils n’y connaissent pas grand-chose. Et comme le peuple des Tonga respecte les traditions, nous avons du mal à aller à leur encontre. Il faudrait trouver un juste milieu entre tradition et rugby. »

Et que dire de la subvention accordée par l’IRB en 2007 ? L'International Rugby Board s’est interrogé sur la destination des fonds alloués à la Fédération. Où est donc passé le 1,5 million d’euros accordé ? A l’époque, et selon le Midi Olympique, Tucker, aurait perçu 150 000€ euros à sa nomination, ainsi qu'une suite à l'année dans l’hôtel de luxe de Nuku'alofa, la capitale. Le reste n’a toujours pas été retrouvé. Des « détails » à des années-lumière des supporters tongiens qui n’attendent qu’une seule chose : que leur nation soit au rendez-vous mondial dès vendredi contre la Nouvelle-Zélande. Ils se sont déjà donné rendez-vous du côté du parking à côté de l’Eden Park pour jouer de leur instrument et se faire entendre. Leur fête peut commencer.