Un calme so british

Chris Ashton - -
La scène se passe ce lundi matin, à Auckland. En plein centre-ville, à la terrasse d’un bar. Quatre hommes échangent autour d’un café, sourires aux lèvres et visiblement détendus. Un cinquième larron vient les rejoindre quelques minutes plus tard. Lui aussi est venu déguster un bon café et échanger librement. Toby Flood, Ben Youngs, Tom Croft, Steve Thompson et le dernier arrivé, Mike Tindall, sont venus s’offrir un peu de bon temps. Loin du tumulte engendré par les scandales associés à leur équipe du XV de la Rose, et dont certains ont été les acteurs principaux. « Les articles de la presse anglaise ? Non, non, on n’y pense plus, assure Mike Tindall. Tout ce que nous voulons faire, c’est avancer et continuer à jouer au rugby. »
Tindall : le trois-quart centre est bien placé pour évoquer ces affaires à répétition, lui qui a eu droit, il y a quelques semaines, à sa part de gros titres. L’époux de Zara Philips, l’une des petites filles de la Reine d’Angleterre, Elizabeth II, avait été filmé en pleine partie de batifolage dans un bar de Queenstown. Ces dernières heures, ce sont trois autres partenaires de jeu, James Haskell, Dylan Hartley et Chris Ashton, qui se sont retrouvés dans l’œil du cyclone, accusés d’avoir importuné le 9 septembre dernier une employée d’hôtel, et de lui avoir formulé des propositions indécentes.
« Se reconcentrer sur le rugby »
Pas de quoi, pourtant, gâcher la bonne humeur des Anglais qui salueront, quelques instants après l’arrivée de Tindall, leurs victimes de samedi, les Ecossais. Le « Sexgate » semble loin dans leurs esprits. « Au début, on en parlait beaucoup, oui, confie le journaliste du Daily Telegraph, Mike Cleary. Maintenant, non. Les incidents se sont passés il y a trois semaines. » Les Anglais ont d’autant plus tourné le chapitre des scandales qu’ils sortent, comme le rappelle Cleary, « d’une grande victoire samedi », un succès arraché sur le fil face à l’Ecosse (16-12). « On est passé tout près de l’élimination, poursuit le journaliste. Là, on est en train de la digérer. »
Les joueurs ont dû également composer avec la sortie de leur sélectionneur, Martin Johnson, qui ne les a pas épargnés en conférence de presse. « Il a été très fort, il a eu un discours très autoritaire, raconte Cleary. L’image des joueurs anglais n’est plus celle de gentilshommes. A plusieurs reprises, Johnson a dit qu’il était en colère contre eux, que leurs bêtises devaient cesser. Il a tracé une ligne à ne pas franchir et a demandé à tout le monde de se reconcentrer sur le rugby. »
Aussitôt dit, aussitôt fait ? C’est du moins ce que laisse supposer les propos de Mike Tindall, le regard porté droit devant lui, vers le Sky City, l’hôtel du XV de France, et au choc de samedi. « L’équipe de France a toujours une chance de se qualifier pour les demi-finales, juge-t-il. Ils sont déçus de leur résultat du week-end mais ils ont une belle opportunité de renverser la vapeur. Ils n’ont rien à perdre. On sait qu’ils peuvent être très bons, remonter la balle sur une accélération. » On l’aura compris. Côté anglais, l’actualité rugby a déjà repris ses droits.