RMC Sport Coupe du monde de rugby

Un Français au bout du monde

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Aujourd'hui vendeur dans une boulangerie et arbitre de rugby en Nouvelle-Zélande, Julien Szostak a tout quitté en 2008 pour vivre sa passion à l'autre bout du monde. Un choix que le jeune homme de 34 ans ne regrette pas. Immersion dans son quotidien.

Un rien provocateur, Julien Szostak enchaîne les clients. Ce matin, le jeune homme de 34 ans a revêtu ses habits de vendeur dans une boulangerie. Mais avec le béret sur la tête et le maillot bleu de l’équipe de France sur le dos, on est loin des costumes traditionnels des boulangeries françaises. « On les provoque un peu. La guerre psychologique a commencé », sourit celui qui travaille depuis plus de trois ans à la Tropézienne. Et alors que la Coupe du monde approche, il a même participé aux décorations de l’établissement, avec notamment un poster caricatural de Sébastien Chabal et l’historique (favorable) des rencontres entre la France et la Nouvelle-Zélande.

Vendeur le jour pour gagner sa vie, arbitre le soir pour assouvir sa passion, Julien accomplit aujourd’hui son rêve. Une expérience savamment réfléchie. Car avant de s’envoler à l’autre bout du monde, Julien, ainsi que sa femme Ludivine, ont dû faire des sacrifices. « Nous avons calculé le minimum pour pouvoir vivre ce rêve », explique le principal intéressé. Quand il quitte la France il y a trois ans, Julien abandonne ainsi son poste de technicien ambulancier alors que Ludivine renonce à sa carrière de juriste. Le couple s’envole sans l’assurance de trouver un emploi sûr et alors qu’au même moment, après six ans d’attente, les dirigeants du rugby français lui proposaient d’arbitrer en Pro D2. Un accomplissement pour celui qui arbitre depuis l’âge de 14 ans et qui a franchi un à un tous les échelons. Mais pas complètement.

Une naissance prévue le jour de Nouvelle-Zélande - France

Car son épanouissement se trouve du côté de la Nouvelle-Zélande. Trois semaines après leur arrivée en avril 2008, Julien et Ludivine trouvent un appartement et un travail. Ludivine fait des ménages, alors que Julien est d’abord jardinier avant d’obtenir son poste de vendeur. Quant à son acclimatation au rugby, elle se passe sans le moindre problème. « Un passionné de rugby est toujours le bienvenu », sourit-il. Malgré le manque de moyen, malgré l’absence de rémunération et l’éloignement, il ne regrette rien. Ludivine non plus. « Ça n’a jamais été une obligation, glisse-t-elle. J’ai toujours pris du plaisir à l’accompagner, bien que je ne comprenne rien aux règles. Déjà en France, je n’avais raté aucun match. »

Julien donne d’ailleurs de sa personne. Consultant depuis deux saisons auprès de l'équipe B du North Harbour, il a endossé sa tenue de joueur et se mêle aux séquences de jeu. Bonnet visé sur la tête, crampons aux pieds, il enchaîne les conseils. Un travail qui porte ses fruits puisqu’il est aujourd’hui numéro 3 de la Province et fait régulièrement partie des assistants en Super 14 ou lors du championnat professionnel néo-zélandais. Parents d’une petite Kimi Ora, leur première fille née au pays des Kiwis, le couple attend d’ailleurs un deuxième enfant. Ludivine et Julien ne connaissent pas le sexe, mais s’amusent de l’heureux présage. L’accouchement est prévu le 24 septembre. Le jour de Nouvelle-Zélande – France. « Comme ça, je pourrais doublement célébrer cette journée », conclut celui qui retournera en France après le Mondial.