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Villepreux : « Rien n'est perdu »

Pierre Villepreux

Pierre Villepreux - -

Pierre Villepreux était, avec Jean-Claude Skrela, le sélectionneur de la dernière équipe de France à avoir atteint une finale de Coupe du monde en 1999. Il livre son sentiment à quelques jours de la finale 2011 entre les Bleus et les All Blacks.

Quel souvenir gardez-vous de cette finale 1999 perdue face à l’Australie (35-12) ?

La préparation de cette finale n’avait pas été parfaite. On était dans un hôtel ouvert à tous les vents, avec beaucoup de supporters. La Fédération n’avait peut-être pas tout organisé parce qu’elle pensait qu’on ne serait pas là. Les joueurs étaient préoccupés par le fait de trouver des places et faire venir leurs femmes. Ça a créé quelques contraintes pour réellement se concentrer sur la finale. Mais bon, il y avait les Australiens en face. Ils ont été meilleurs que nous mais on n’a pas joué au rugby comme on aurait dû le faire ce jour-là.

C’est-à-dire ?

On avait pour nous tout le public européen, à condition qu’on joue un certain style de rugby. Ils voulaient retrouver ces Français qui contre-attaquaient, qui avaient envie de jouer le ballon. Et on est retombé dans un jeu de gagne-terrain qui a bien servi les Australiens. On ne s’est pas donné tous les moyens de gagner ce match et surtout, de se mettre le public dans la poche.

C’est un peu le même contexte cette année avec le XV de France. Quels conseils donneriez-vous aux joueurs de Marc Lièvremont ?

J’ai toujours pensé qu’on pouvait avoir des ambitions de jeu. Jouer avec l’incertitude, prendre des risques. Le match de dimanche est complétement jouable. Mais il ne le sera pas si on se contente de rendre la balle, qu’on n’ose pas et qu’on est frileux. Dans ce cas, on risque de prendre pas mal de points.

Les Français peuvent-ils battre les All Blacks ?

Je pense que les Néo-Zélandais ont apprécié par le passé le jeu français. Ils connaissent leur talent. Ils aiment que le jeu soit créatif. C’est ce qu’ils attendent des Français. Est-ce qu’on est capable de la faire ? Je n’en sais rien. Le problème, c’est de ne pas avoir su faire un match référence durant cette Coupe du monde. Il ne reste plus qu’un match pour le faire. Le pourcentage de chance est faible, mais il existe. A partir de là, rien n’est perdu.

« Très heureux pour Marc »

Ce XV de France 2011 est difficile à cerner…

C’est le mal français. Depuis que la Coupe du monde existe, on a toujours été confrontés à ça. Avec plus de bas que de hauts. On a des difficultés à rentrer dans des matches a priori faciles. Comment changer ça ? Ça passe certainement par une autre formation mentale, un autre modèle à imposer à nos joueurs dès le plus jeune âge. Il ne faut plus qu’on soit tributaire du mauvais stress qui annihile l’envie et le plaisir.

Que pensez-vous du parcours de Marc Lièvremont en tant que sélectionneur ?

Je suis très heureux pour Marc qu’il soit en finale. S’il avait perdu contre les Gallois, il aurait été complétement démoli. Là, il a encore un certain crédit. C’est très bien. C’est un jeune entraîneur. Il a eu une expérience très douloureuse. Elle peut se terminer, je l’espère pour lui, sur un triomphe.