Zoom sur l’Afrique du Sud avant la finale

Un homme est particulièrement attendu lors de cette finale : Bryan Habana.
L’ailier sud-africain a égalé le record de Jonah Lomu, en inscrivant son huitième essai de la Coupe du Monde, dimanche dernier.
Pourtant au début, c’est plutôt le ballon rond qui attire le petit Bryan Gary Habana. Il doit d’ailleurs ses deux prénoms à son père, fan de deux stars de Manchester United : Bryan Robson et Gary Bailey.
Mais en 1995, l’Afrique du Sud organise et remporte la Coupe du Monde. Habana, alors âgé de 12 ans, assiste à plusieurs matches et c’est la révélation : « Ça a planté la graine en moi, (une graine) qui a grandi et m’a fait devenir un joueur de rugby… » (voir l’extrait sonore ci-contre)
Le père de Bryan Habana, un ancien 3e ligne, rate une belle carrière à cause de l’Apartheid. Les problèmes raciaux n’ont jamais été réglés en Afrique du Sud, depuis le titre mondial acquis en 1995 : les noirs et métisses sont toujours largement sous-représentés au sein de l'équipe nationale.
Entre partisans et opposants aux quotas, la polémique fait toujours rage. Symbole de ces tensions : le manager des Boks, Zola Yéyé, mène le combat pour l’intégration des noirs.
Ecoutez le portait de Zola Yéyé, par Pierre Dorian. (voir le reportage sonore ci-contre)
Zola Yéyé est fier de son prénom, qui l’amènera à s’intéresser à Emile Zola et à la culture française, et est aussi fier de ses origines et de sa couleur.
Né à Port Elizabeth dans une famille de classe moyenne, il a subi, comme tous les noirs sud-africains, l’Apartheid. Yéyé a même été emprisonné à deux reprises dans sa jeunesse pour activisme.
L’actuel manager de l’Afrique du Sud était aussi un bon joueur de rugby, humilié de n’avoir jamais pu porter le maillot des Springboks. En 2006, il est parachuté au poste de manager pour favoriser l’intégration des noirs à l’équipe nationale. Ses relations avec Jake White, le sélectionneur national blanc et allergique aux quotas, sont très tendus.
12 ans après le titre mondial obtenu à domicile, le rugby - symbole d’unité nationale - n’est toujours qu’une illusion en Afrique du Sud.