Du vice pour ne pas dévisser

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En cette dernière année de pénurie de jeu, le XV de France a pris l’habitude de se reposer sur la mêlée pour conserver le peu de confiance qu’il lui restait après avoir essuyé plusieurs claques moult et variées (juin 2010 : Afrique du Sud, Argentine, novembre 2010 : Australie, mars 2011 : Italie). Le petit monde de l’ovalie français s’est donc mis à trembler samedi dernier à la vue d’un pack brinquebalé par une mêlée néo-zélandaise (37-17) maligne, futée et puissante. Les Tonga, prochains adversaires des Bleus samedi (7h00), n’ont pas manqué de remarquer que les « gros » français avançaient à reculons. Pointés du doigt par la presse néo-zélandaise qui les accuse de jouer dur, les Bleus seraient en fait trop respectueux de l’arbitre et de ses commandements.
« Il y a moins de vice et moins de marrons, remarque Pierre Dospital, ancien pilier international (1977-1985) présent en Nouvelle-Zélande dans le même hôtel que les Bleus. Mais il y a plus de pression et rythme ». En l’absence de Nicolas Mas, blessé, Luc Ducalcon a souffert de son côté « trop gentil ». « Dès qu’on a essayé d’anticiper, on s’est pris un bras cassé, a regretté le Castrais. Ça nous a calmés. Les Blacks ont continué à être limite en mêlée et ça leur a réussi. Mais je n’ai pas senti de vice ou de tricherie. Ils ont été plus vifs sur l’impact. Pour nous, après, c’est plus dur. » Le remplaçant de Nicolas Mas aurait fort à faire face à Soane Tonga’uiha, qui avait broyé… le pilier catalan en demi-finale de H Cup la saison dernière.
Szarzewski : « On est trop respectueux »
Plus qu’un test, l’opposition face à la première ligne tonguienne - qui a causé quelques soucis aux Blacks - sera la clé de ce huitième de finale. Tout sera histoire de tactique et de filouterie. Les « Latins », parfois réputés à « la limite », seraient-t-ils entrés dans le rang ? « On a du mal à jouer avec la règle, étaye Dimitri Szarzewski. On a peur de commettre des fautes. Nous sommes un peu trop respectueux. » « C’est vexant, reprend pour sa part Jean-Baptiste Poux. On n’aime pas reculer, mais il faut aussi être intelligent pour savoir où on a péché pour rectifier le tir. »
Pierre Dospital, qui croise souvent les joueurs dans leur hôtel, ne s’inquiète pas de ce « moins bien passager ». « Ce n’est qu’un passage à vide. Contre les Tonga, on va s’embêter pendant une heure. Mais la pression physique et la tactique du jeu à la française vont faire la différence. Les gars sont concernés par le sujet et savent qu’il y a une qualification en jeu. Ça a un peu flotté mais tout va revenir en place. » Paroles d’anciens.