Estebanez, itinéraire d’un centre pas gâté

Fabrice Estebanez - -
La paire de centres des Bleus alignée samedi contre l'Irlande à Dublin (18h00) sera une première. Aux côtés d’Aurélien Rougerie (30 ans), taulier aux 63 sélections, Fabrice Estebanez (29 ans) sera presque un bizut avec ses quatre petites capes. Si les deux hommes ne sont séparés que d’une année, il y a souvent eu un monde entre eux. Car le chemin parcouru par Fabrice Estebanez est singulier. « J’ai un parcours qui n’est pas commun, rappelle-t-il. Je suis fier de ce que j’ai fait. Je le serai encore plus si dans deux mois, on arrive à notre objectif d’être champions du monde. Ce serait quelque chose de formidable. »
Ces mots ont d’autant plus d’importance dans la bouche de celui qui a quitté le XV aussi vite qu’il y était arrivé, la faute à un contrat non honoré par Colomiers en 2001. Direction le XIII où, grâce à ses passages à Limoux puis Toulouse, il se fait une place au soleil en équipe de France (25 sélections). La Super League anglaise l’attend mais un nouveau contrat tombe à l’eau. Star du XIII, il se retrouve subitement au chômage après avoir lâché son travail de plombier qu’il occupait en parallèle de sa carrière.
Palisson : « Il force l’admiration »
« Il vient de très loin, se remémore son ancien coéquipier à Brive et ami, Alexis Palisson. Quand il veut quelque chose dans la vie, il l’obtient. Il était plombier il y a cinq ans et aujourd’hui, il va jouer la Coupe du monde avec l’équipe de France. Quand il a quelque chose derrière la tête, il se donne les moyens d’aller le chercher. C’est beau à voir et ça force l’admiration. » Après avoir jaugé en vain de nombreux clubs du Top 14, il prend la direction de Gaillac (Fédérale 1)… qui dépose le bilan un an plus tard. Il repasse par la case chômage. Pas pour longtemps puisque Brive lui donne enfin sa chance au plus haut niveau. Un choix enfin gagnant pour le natif de Carcassonne qui explose au centre ou à l’ouverture grâce à ses qualités d’explosivité développées à XIII.
En novembre dernier, il a fêté la première de ses quatre sélections en équipe de France face aux Fidji. Non sans avoir essuyé quelques contretemps au préalable (il avait été privé de tournée d’été en juin 2010 par la FFR pour ne pas avoir honoré une sélection en rugby à VII). Fabrice Estebanez, préféré par le staff à Yannick Jauzion, par exemple, touche au but. Sa situation en club a aussi évolué puisqu’il rejoindra le Racing-Métro et ses stars à l’issue de la Coupe du monde. Après avoir été semé d’embûches, le chemin se dégage enfin.