Le rêve d'une finale de Coupe du monde: pourquoi les Bleues sont condamnées à l'exploit contre l'Angleterre

Concentrées, calmes, souriantes, avant la demi-finale de Coupe du Monde, les Anglaises semblent prêtes à faire ce qu’elles font de mieux : gagner. Force tranquille, la machine des Red Roses écrase tout sur son passage depuis sept ans désormais, et a remporté 60 de ses 61 derniers matchs. "On sait que les équipes veulent toutes notre peau, explique Abbie Ward, deuxième ligne anglaise. On a cette cible dans le dos, toutes nos adversaires veulent faire la meilleure performance contre nous. Ce sera pareil pour les Françaises, elles veulent nous éjecter de la Coupe du Monde, nous, on veut avancer et aller la gagner."
Un écart de niveau qui s’agrandit
La dernière fois que les Bleues ont réalisé l’exploit de venir à bout de l’Angleterre, c’était en 2018, à Grenoble, lors du Tournoi des 6 Nations. Une victoire 18-17 dont Pauline Bourdon Sansus, Agathe Gérin et Marine Ménager sont les seules rescapées. Caroline Drouin, demie d’ouverture récemment retraitée, se souvient de cette rencontre : "C’était pendant un tournoi des 6 Nations, on savait que c’était une finale contre elles. L’ambiance était incroyable, on marque un essai dans les dernières minutes, le scénario rêvé dans un Crunch".
Depuis, les Anglaises ont accéléré leur progression et se sont échappées. En développant notamment un championnat professionnel, avec des staffs étoffés, des équipes compétitives, une retransmission télévisée à la hauteur : "A l’époque, leur domination était moins marquée que maintenant, concède Caroline Drouin. On les accrochait bien plus, les niveaux de jeu étaient proches. Leur championnat est plus dense que le nôtre et plus structuré. C’est très pragmatique, bien huilé, ça ne fait pas rêver les gens mais ça fonctionne. Elles sont redoutables, fortes sur les bases du rugby, avec des avants puissantes et efficaces derrière."
Difficile de voir comment les Bleues pourraient venir bousculer les Anglaises, surtout avec les absences combinées de trois titulaires : Manae Feleu et Axelle Berthoumieu suspendues et Lina Queyroi, blessée.
"Les statistiques ne comptent plus"
Samedi, Marine Ménager sera la seule capitaine des Bleues à l’Ashton Gate de Bristol. Elle prendra sa retraite à la fin du Mondial, et ne compte pas baisser la tête face aux Red Roses : "Si on ne se base que sur les statistiques, je pense qu'on se trompe complètement. La magie du sport de très haut niveau, c'est qu'il y a des matchs qui sont différents, où les statistiques ne comptent plus et une demi-finale de Coupe du Monde rentre clairement dans ce processus-là. Là, c'est du 50-50, on ne parle plus des 16 matchs gagnés ou perdus. On est en forme, on est en confiance et on a hâte de jouer ce match".
Même motivation pour la centre Gabrielle Vernier, qui n’a jamais battu les Anglaises malgré ses 56 sélections, mais qui continue d’y croire : "Leur bilan parle pour elles mais on a des armes bien saillantes pour les embêter. Sur un match, tout peut se passer. On était à un point il y a six mois et on donnera tout pour que, cette fois, le score soit en notre faveur".
L’espoir d’un match fou
Ce match à Twickenham, perdu 43-42 en finale du tournoi des 6 Nations, constitue en effet une belle raison d’espérer. Menées 31-7, les Bleues étaient peu à peu revenues dans le match jusqu’à avoir une possession pour le remporter.
Pour Caroline Drouin, le salut des Bleues résidera dans leur capacité à emballer la rencontre : "Il faut du jeu, du rythme, on ne fera pas jeu égal sur les secteurs qu’elles dominent. Être créatives, les faire déjouer, être solides défensivement et jouer libérer derrière".
S’accrocher pour les faire douter
Les Françaises ont donc parfois été proches, comme lors de ce match, ou en 2023, toujours à Twickenham, où les Bleues s’étaient inclinées 33-38 après avoir été menées 38-0. Mais la maîtrise, l’homogénéité de niveau, la densité physique était toujours du côté anglais.
Les Red Roses ont gagné leurs dix derniers matchs avec un écart moyen de 44 points et n’ont pas l’habitude d’être accrochées au score. Contrairement à leurs derniers affrontements, les Bleues vont devoir réaliser une belle entame pour rester au contact et tenter de punir les Anglaises. "Le match parfait n’existe pas, mais il va falloir s’en rapprocher", conclut Caroline Drouin.