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Humaniste, libre, rugby de clocher, qui était Pierre Camou? Ses proches racontent

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Ancien président de la Fédération française de rugby (2008-16), Pierre Camou est mort ce mercredi à l’âge de 72 ans. Joints par RMC Sport, Bernard Lapasset, son ami et ancien président de la FFR, et Philippe Saint-André, qu’il avait nommé sélectionneur en 2011, le racontent.

Pierre Camou s’est éteint ce mercredi à l’âge de 72 ans, des suites d’une longue maladie. Président de la Fédération française de rugby (2008-16), il a beaucoup œuvré pour le développement du rugby féminin et du rugby à 7. Il a aussi lancé la candidature de la France pour accueillir la Coupe du monde 2023 tout en essuyant quelques échecs cuisants, notamment sur la construction du Grand Stade (annulée par Bernard Laporte, son successeur). Il a aussi entamé le chantier de la mise à disposition des joueurs pour l’équipe de France après des discussions parfois compliquées avec le monde professionnel, lui qui représentait davantage un rugby de clocher

"Sa porte était toujours ouverte et son téléphone toujours branché, confie sur RMC Sport Philippe Saint-André, nommé sélectionneur en 2011 par Camou et son comité de pilotage. Il était vraiment sur les valeurs du rugby de clocher. Dans les discussions sur le rugby professionnel avec la Ligue, il aurait dû aller plus loin sur la disposition des joueurs et il le savait. Il croyait d’abord dans les hommes et sur la qualité humaine. Il en avait énormément."

"Il avait du mal à comprendre la non disponibilité des joueurs pour représenter leur pays"

"Ça a été aussi été un président qui, tous les week-ends, prenait du plaisir à visiter des clubs amateurs, poursuit PSA. Il allait sur tous les terrains de France et de Navarre. Il a aussi été ambitieux sur le rugby à 7. Il avait un plaisir énorme de se retrouver dans ce rugby-là. Le rugby pro et parfois la non disponibilité des joueurs pour représenter leur pays, c’était quelque chose qu’il avait du mal à comprendre philosophiquement."

"C’était un très bon gestionnaire, abonde encore Saint-André. La fédération a été très bien gérée. Il n’était pas du tout attiré pat l’appât du gain. Il était d’une franchise et d’une transparence assez exceptionnelles. Il a fait pas mal fait de choses pour le rugby français."

Lapasset: "Pierre a été quelqu’un d’assez fort et d’engagé pour marquer son histoire"

Bernard Lapasset, son prédécesseur à la présidence de la FFR, évoque, lui, la perte d’un grand ami qu’il a connu sur les bancs de l’Université de Bordeaux. "C’est d’abord l’homme que je regrette énormément, confie-t-il à RMC Sport. Il a fait un long chemin avec moi. Il était avec moi à la Fédération après avoir joué ensemble. On a porté des espérances d’avenir du rugby français et international. Pierre a été quelqu’un d’assez fort et d’engagé pour marquer son histoire. C’est quelque chose de difficile que je vis plutôt sur le plan personnel que sur celui du rugby."

"Il a vécu une vie de famille très difficile mais c’est un homme énorme par sa responsabilité et sa prise de risque, son souci de l’autre et du partage, poursuit-il. C’était vraiment un homme fort. C’est la mort d’un copain. Il aimait toujours ce rugby de campagne, des villages. Chanter des chansons basques, c’était un bon moment pour lui. Malgré tout, il a réussi à faire quelque chose de fort pour la Fédération même si c’était un peu difficile sur la fin. Il est resté fidèle et c’était un homme fort. Il aimait profondément les hommes et il portait vraiment la responsabilité du rugby français sur l’ensemble de la planète."

"Il ne faisait aucune différence sur les différents appels qu’il recevait, illustre l’ancien président de World Rugby. Il avait le sens de la liberté, il adorait ce mot. C’était cet esprit libre qui lui permettait d’avoir une prise de responsabilité qui était partagée avec tous ceux qui avaient cet esprit du rugby."