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Le match d'une vie

Imanol Harinordoquy

Imanol Harinordoquy - -

Finaliste pour la première fois depuis douze ans, l'équipe de France devra écarter la Nouvelle-Zélande si elle veut empocher sa première Coupe du monde. Les acteurs de cette rencontre s'attendent à un énorme match. Le sommet d'une carrière.

Il n’y a pas besoin de les questionner trop longtemps pour se rendre compte que ce rendez-vous est celui d’une carrière. Que ce soit Damien Traille et ses 86 sélections ou Raphaël Lakafia, seulement capé à trois reprises, les trente joueurs de Marc Lièvremont font face à un incroyable challenge. Alors forcément, ce grand rendez-vous se prépare. A commencer par ceux qui ne porteront peut-être plus jamais la tunique bleue. A 35 ans, Lionel Nallet pourrait être de ceux-là. Alors, une finale de Coupe du monde, ça lui parle. Le vieux routier bleu n’aime pas parler de ses émotions. Et pourtant, le sujet le laisse rêveur. « C’est un sacre, avoue le deuxième ligne. C’est le match d’une vie, d’une carrière. Je me dis que s’il y a un match où je dois être présent, c’est celui là. On en rêve. »

Tous sont d’ailleurs conscients qu’une telle chance ne se présentera certainement pas aussi tôt. A l'imagne d'Imanol Harinordoquy, qui s’était arrêté à deux reprises en demi-finale contre les Anglais (2003 et 2007). « Quand j’étais petit, je ne pensais même pas que je jouerais une Coupe du monde. Alors, une finale en Nouvelle-Zélande contre les Blacks… Même si tout est perdu d’avance, on va se battre avec les armes au poing. Ce n’est pas pour me déplaire. Même s’ils sont dix fois, vingt fois meilleurs que nous, tout est possible. » Le Biarrot ressort d’ailleurs de sa boite à souvenirs un match gagné en 1998. Avec les jeunes de l’US Garazi, les pensionnaires de Saint Jean Pied de Port écartent l’ogre de Montmélian. Contre toute attente et parce que cette équipe « avait du cœur ».

Harinordoquy : « On s'en souviendra toute notre vie »

Les Bleus ont préparé la semaine pour être prêt au bon moment et faire taire ceux qui font d’eux les pires finalistes de l’histoire de la compétition. Il y a d’abord eu le sérieux affiché cette semaine. Pas question de rééditer les erreurs de 1999 et de célébrer l’accession à la finale. « On ne va pas en finir là, prévient Vincent Clerc. On a la chance unique d’écrire l’histoire. » Il y a également l’ambition de devenir la première équipe de France championne du monde de rugby et faire mieux que ses devancières de 1987 et 1999, toutes les deux battues en finale respectivement contre la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Après trois mois de vie commune, de stages de préparation et six rencontres de Coupe du monde, tous abordent cette rencontre avec la plus grande rigueur.

Tous les ingrédients sont réunis pour que la fête soit superbe. A condition de soulever la Coupe Webb-Ellis dimanche dans le ciel d’Auckland. Tous n’ont cessé de répéter cette semaine que les Blacks étaient évidemment les favoris. William Servat parle d’une « chance surréaliste », d’un « trop plein d’émotion » au moment d’entrer sur la pelouse. « Bien sûr que les Blacks gagnent 90% de leurs rencontres contre la France, mais il reste une inconnue. » Tous ont également souligné le côté imprévisible d’une telle rencontre. Comme si cette équipe devait briller dans la difficulté. Pendant que Vincent Clerc évoque le « summum de sa carrière », Imanol Harinordoquy parle lui d’un « match pour une vie. Un match dont on se souviendra toute notre vie. Quelle que soit l’issue. »