Le rouge de la controverse

Sam Warburton - -
Dans les travées de l’Eden Park, quelques regards ont dû se poser sur lui. Fabrice Estebanez, suspendu pour trois semaines et donc jusqu’à la fin de la Coupe du monde à cause d’un plaquage dangereux contre les Tonga, s’est peut-être senti moins seul. Cette fois, la sévérité de la commission de discipline a été devancée par celle d’Alain Rolland, l’arbitre de la demi-finale entre le XV du Poireau et le XV de France. C’est Sam Warburton, le jeune capitaine gallois (23 ans), qui en a fait les frais en étant expulsé dès la 18e minute de la rencontre pour un « plaquage cathédrale » sur Vincent Clerc. « Un signe de fébrilité, de fragilité » juge Bernard Laporte, l’ancien sélectionneur des Bleus.
Un geste dangereux surtout, l’ailier français retombant lourdement sur le dos et sa tête cognant le sol. Le fait, aussi, que la main gauche du Gallois vienne écraser le visage du Toulousain pourrait également avoir incité l’arbitre à la double nationalité franco-irlandaise à sortir le carton rouge. Pour Joël Dumé, ancien arbitre international et directeur technique national de l’arbitrage à la FFR, Rolland a eu raison. « Cette décision respecte la règle et les consignes qui ont été données aux arbitres. C’est un plaquage dangereux, un plaquage-cathédrale. On peut mettre au crédit du joueur qu’on a l’impression, en fin de plaquage, qu’il retient son geste. Mais c’est la définition même d’un plaquage dangereux : soulever le joueur adverse, le renverser et lui faire passer les pieds par-dessus la tête. Alain Rolland est toujours très vigilant sur ces gestes violents. Il a été courageux. Il pourra dire qu’il s’est appuyé sur la règle. Et sera donc difficilement critiquable. » Hormis côté gallois, où le sélectionneur Warren Gatland n’y est pas allé de main morte : « Il a ruiné le match et nos réelles chances d'atteindre la finale ».
Serge Simon : « A 15 contre 15, ils étaient plus forts… »
La décision de l’Irlandais a forcé les Gallois à jouer à 14 contre 15 pendant une heure. Longtemps, leur courage et les errances françaises leur ont permis d’y croire. Mais ni sur pénalité, ni sur un drop qu’ils n’ont jamais tenté, ils n’ont pu se qualifier pour leur première finale de Coupe du monde. « A 14 contre 15, ils se sont transcendés, résume l’ancien pilier Serge Simon. Mais à 15 contre 15, ils étaient plus forts… ».