Les anciens défendent Trinh-Duc

L'ouvreur de l'équipe de France alimente les discussions - -
L’Angleterre a Jonny Wilkinson, la Nouvelle Zélande Dan Carter et l’Irlande Ronan O’Gara. Plus que des demis d’ouverture. Des hommes de base capable de mener le jeu de leur équipe et de marquer les points qui font la différence. Curieusement, le XV de France n'a jamais trouvé l'oiseau rare à ce poste. Ou alors trop rarement et jamais dans la durée. Depuis l'après-guerre, aucun ouvreur n'a atteint la modeste barre des dix matches consécutifs sous le maillot bleu. Un signe de défiance.
A l’entame du Tournoi des Six Nations 2010, Marc Liévremont a voulu changer la donne. Il a installé François Trinh-Duc, 23 ans, à l’ouverture. Une marque de confiance et un investissement pour l’avenir. Mais depuis sa performance mitigée en Ecosse, les discussions vont bon train. Le sélectionneur a-t-il fait le bon choix ? Les Bleus peuvent-ils se passer d’un ouvreur-buteur ? Le Montpelliérain est-il surtout capable de se métamorphoser en meneur de jeu ? Franck Mesnel, 56 sélections en équipe de France au centre et à l’ouverture, connaît bien les difficultés de ce poste à hauts risques. « Il faut lui laisser du temps, affirme le Parisien. C’est un très bon défenseur et c’est une qualité essentielle dans le rugby d’aujourd’hui. »
David Aucagne, 15 sélections avec les Bleus, appuie la démonstration. « J’aime le profil de François. Il a juste besoin d’enchaîner les matchs. Je trouve ça bien qu’on puisse lui donner du temps de jeu. Il est encore jeune. Pour un ouvreur, l’âge de la maturité, c’est 27 ans. » Le tombeur des Blacks à la Coupe du monde 1999, « Titou » Lamaison fait le même constat. « Ce n’est pas le moment de lui mettre des bâtons dans les roues. François passe plutôt bien dans le groupe. Et à ce poste clé, c’est très important. »
« Trinh-Duc est un passeur plus qu’un créateur »
Pour ces spécialistes, la contre-performance de Trinh-Duc face aux Ecossais n’est pas inquiétante. « De mon temps, j’avais Pierre Berbizier avec moi, souligne Franck Mesnel. Je n’étais pas seul. Aujourd’hui, il nous faut plus de complémentarité au niveau de la charnière. » Pas question surtout de pointer le manque de créativité du joueur de Montpellier. Pour Lamaison, le système mis en place par Lièvremont ne nécessite pas un ouvreur-créateur. « Le sélectionneur n’accorde pas beaucoup d’importance à ce poste-là. Le 10 a moins de responsabilités qu’auparavant. Aujourd’hui, un 10 devient plus un 9 décalé. Trinh-Duc tient plutôt bien ce rôle. C’est un passeur plus qu’un créateur. »
Mais a-t-il les épaules pour être l’ouvreur des Bleus à la Coupe du monde 2011 ? Dans cette optique, David Aucagne verrait d’un bon œil le retour de Jean-Baptiste Elissalde. « Pour moi, Trinh-Duc-Elissalde, c’est le ticket gagnant ! Le Toulousain a l’expérience. Il peut faire progresser Trinh-Duc. C’est l’option que je privilégierais. » En attendant, François Trinh-Duc doit confirmer les espoirs placés en lui lors des prochaines échéances du Tournoi. Dès samedi, il aura face à lui Ronan O’Gara, recordman de points inscrits dans l’épreuve et légende irlandaise. Ce sera l’occasion de s’étalonner…