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Les Bleus veulent éviter la démobilisation

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Les exploits du XV de France en Coupe du monde de rugby ont souvent été suivis d’une cruelle désillusion. Après leur victoire face à l'Angleterre (19-12) et avant de défier le pays de Galles, samedi en demi-finale, des Bleus revigorés veulent éviter de replonger dans ce travers.

Impossible n’est donc pas français. Capable d’exploits improbables, le XV tricolore a souvent pris la mauvaise habitude de basculer du paradis à l’enfer en phase finale de Coupe du monde. Comment ne pas oublier les deux échecs cuisants qui ont suivi les triomphes face aux supposés « invincibles » All Blacks en 1999, en demi-finale à Twickenham (43-31) et en 2007 en quarts à Cardiff (20-18) ? En s’étant vu trop beau, le Coq s’était alors fait plumer par l’Australie (35-12) et l’Angleterre (14-9). Et plus dure fut la chute. « Cela arrive souvent, on est averti », prévient le talonneur Dimitri Szarzewski.
Si le succès des joueurs de Marc Lièvremont face au XV de la Rose, samedi à Auckland (19-12) n’a pas la même dimension que les sensationnelles victoires contre la Nouvelle-Zélande, il a en revanche la même saveur. Revenus de très loin, les partenaires de Thierry Dusautoir ont changé de statut en 80 minutes. Et alors que l’idée d’une éventuelle finale faisait sourire il y a encore jours, voilà désormais cet objectif dans la ligne de mire des Bleus.

Laporte : « Ne surfons pas sur une vague de 5 mètres »

Mais avant de défier le pays de Galles samedi pour une place en finale, Marc Lièvremont, présent sur la pelouse de Cardiff face aux Australiens en 1999, veut éviter tout risque d’emballement. Et il y en a : « Le danger, c’est de ne pas avoir digéré le match contre l’Angleterre, explique le sélectionneur. C’est de se satisfaire des félicitations de ses proches, de vouloir satisfaire les médias qui auront peut-être des comportements différents. Et les agents qui vont promettre monts et merveilles. Le risque, c’est aussi de se croire des supers bons joueurs de rugby. On a été les mêmes qu’à Wellington (face au Tonga, 14-19), sauf qu’on avait une "grosse paire" en plus. C’est ce qui a fait la différence. »

Son message est semble-t-il passé auprès de ses joueurs. « On sait d’où on vient, assure Julien Bonnaire. Restons humbles et gardons la tête sur les épaules. L’objectif, ce n’est pas l’Angleterre en quart de finale mais (la finale) dans deux semaines. » Jean-Baptiste Poux est sur la même longueur d’onde : « On va faire des discours cette semaine, mais si on ne met pas tout ce qu’il faut contre le pays de Galles, on passera au travers. » Bonnaire et Poux n’ont pas la mémoire courte. En 2007, sous les ordres de Bernard Laporte, ils avaient buté en demie face au XV de la Rose après avoir battu les Blacks. Quatre plus tard, Bernard Laporte sait que le vécu des Bleus face aux très jeunes Gallois peut faire la différence. « Oublions vite ce match face aux Anglais, affirme l’ex-sélectionneur. Ne surfons pas sur une vague de cinq mètres qui nous rend plus beau que nous sommes. C’est dans ces moments-là que sert l’expérience ! » Démonstration samedi ?