Les compléments alimentaires des Bleus en question

La charge d'effort oblige le XV de France de Maxime Mermoz à recourir aux compléments alimentaires pour leur préparation à la Coupe du monde - -
Il est le loin le temps des anathèmes contre la créatine et les compléments alimentaires. A la fin des années 90, la FFR et la LNR criaient à l’exception française pour justifier ses cuisantes défaites contre l’hémisphère sud et l’Anglais. « La créatine constitue la barrière qui sépare le rugby français de l’autre hémisphère », clamait Serge Blanco, alors patron de la Ligue. « Tout utilisateur sera écarté de l’équipe de France », menaçait Bernard Lapasset, président de la Fédération, aujourd’hui big boss de l’IRB. Depuis, l’irréductible village gaulois a pris le virage des compléments alimentaires, la commercialisation de la créatine étant autorisée en 2005. Au CNR de Marcoussis, ces derniers jours, avant d’entamer leur stage au Chambon-sur-Lignon, le diététicien Didier Rubio était au chevet des partenaires de Thierry Dusautoir, en pleine préparation pour la Coupe du monde (9 sept.-23 oct.). « On parle avec lui des compléments alimentaires, raconte le capitaine des Bleus. Si des joueurs ont des routines de clubs, ils en discutent avec le nutritionniste. »
Dans le Top 14, les joueurs ne se cachent plus. Il y a Sébastien Bruno, talonneur international de Toulon, qui est devenu homme sandwich pour les produits UHS. Sur le portail internet du fabricant, on trouve de quoi brûler la masse grasse, augmenter sa puissance musculaire, et de la créatine pure. « Il y a Sébastien et tous les autres », précise Julien Deloire, préparateur physique des Bleus ès-Coupe du monde. Et de justifier le recours à la complémentation. « En période de lourde charge comme maintenant, c’est essentiel. L’alimentation ne suffit plus. Alors on prend des compléments, mais on les teste, et ils sont certifiés. »
25% des compléments alimentaires sont contaminés
« Les joueurs utilisent les compléments pour récupérer, avant c’était pour être meilleurs que l’adversaire », détaille Dorian Martinez, responsable de Wall Protect, label justement de certification très en vogue auprès des fédérations, des clubs, et des sportifs de haut-niveau. Une étude britannique avance le chiffre de 25% des compléments alimentaires contaminés, essentiellement par des stéroïdes anabolisants (A. Petroczi, 2010, Food and Chemical Toxicology).
Un constat qui inquiète le gendarme français de la lutte antidopage. « Il y a un problème général qui ne concerne pas que le rugby, sur lequel nous réfléchissons, nous déclarait le 4 juillet le président de l’AFLD, Bruno Genevois. Dans les jours qui viennent je vais rencontrer les responsables de la Fédération pour faire le point dans ce domaine. » Une nécessité. La France fait aujourd’hui partie des pays pointés du doigt par les autorités européennes. Trop de produits souillés circulent sur le marché hexagonal.