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Lièvremont, Bleu à l'âme

Marc Lièvremont et son capitaineThierry Dusautoir

Marc Lièvremont et son capitaineThierry Dusautoir - -

Marc Lièvremont a tenu sa dernière conférence de presse ce lundi à Auckland. Visiblement très ému, le désormais ex-entraîneur de l'équipe de France est revenu sur son aventure de quatre ans à la tête des Bleus, conclue par une défaite frustrante en finale de la Coupe du monde, dimanche face aux All Blacks (7-8). Sans animosité, ni amertume.

Une émotion palpable

Marc Lièvremont n’avait pas la mine souriante ce lundi en début d’après-midi en Nouvelle-Zélande. Sans doute le goût d’inachevé pour le technicien français, battu la veille avec ses hommes en finale de la Coupe du monde par les All Blacks (7-8). L’émotion également de quitter ses fonctions. Non pas que l’entraîneur se soit accroché à son poste, mais après quatre années parfois difficiles, que ce soit avec les joueurs ou la presse, on a senti un homme qui avait besoin de s’ouvrir une dernière fois. Comme un dernier signe d’apaisement. Et c’est pour son staff qu’il a eu les mots les plus touchants. « La seule bonne raison était aussi pour remercier mon staff pour toute leur amitié, leur solidarité et leurs compétences… On en a pris plein la figure pendant quatre ans, a-t-il livré, des sanglots dans la voix. A l’image de ces quatre mois ensemble, de cette promenade sur le Mont Eden, de cette Marseillaise chantée à tue-tête, de ce touché à l'Eden (Park), assez prêt du paradis. Je voudrais les remercier. » Face à lui, Joël Judge, Julien Deloire, Andrew, l’attaché de liaison, et surtout Didier Retière n’ont pu s’empêcher de fondre en larmes.

Un avenir en question

Marc Lièvremont avait annoncé avant la Coupe du monde qu’il ne continuerait pas à la tête de l’équipe de France. Depuis, la Fédération lui a choisi un successeur en la personne de Philippe Saint-André. Même s’il n’est plus l’entraîneur des Bleus depuis dimanche soir, Lièvremont est toujours sous contrat jusqu’en décembre avec la FFR. Le technicien ne « regrette rien » et ne sait pas encore de quoi son avenir sera fait, mais pas question de venir empiéter sur le champ d’action de son successeur. « Je ne vais rien transmettre. Il y a des décideurs. J’ose espérer le meilleur pour le rugby français, confie l’ancien troisième-ligne. J’espère que nos dirigeants sauront s’entendre pour un rugby plus fort pour les clubs et l’équipe nationale. Pour moi, c’est terminé. » Sur son avenir très proche, il ajoute : « Pierre Camou (président de la FFR, ndlr) m’a gentiment proposé d’intégrer la Fédération sur un poste qui reste à définir. Je vous concède que j’ai actuellement beaucoup trop à penser pour me projeter vers l’avenir. Je n’en sais rien. On verra. »

Une fin d'anthologie

Ils n’étaient pas beaucoup à croire en cette équipe de France. Marc Lièvremont a sans doute eu ses moments de doute. Mais au moment de se retourner sur cette histoire de quatre ans, il a certainement dû mesurer tout le chemin accompli. D’ailleurs, avant même d’attendre les questions des journalistes, il a enchaîné les réponses ce lundi, ne laissant que le temps à l’interprète de rapporter ses propos. « Je vais vous laisser, ainsi que les nombreux consultants, argumenter en permanence pour dire à quel point cette équipe de France était minable et comment elle a réussi à faire trembler les All Blacks sur leurs terres pendant 80 minutes », commence-t-il. Puis il embraye : « Je ne veux pas penser que le quart contre les Anglais était un match d’anthologie. Je me suis accroché à ça toute la semaine et les joueurs ont sorti au meilleur moment un match d’anthologie. C’est toujours difficile de comparer les exploits et les générations mais, compte tenu du contexte, leur performance est peut-être la plus belle de tous les temps (…) Quelque part, j’aurais aimé participer à ce match d’anthologie. »

Une prise en main de quinze hommes en colère

On a beaucoup parlé d’autogestion pendant ces deux mois. Un système qui se rapproche de ceux qu’a connu Marc Lièvremont en 1999 sous Jean-Claude Skrela ou en 2000 lors du titre de champion de France décroché par le Stade Français. « A chaque fois il s’agissait de 15 hommes en colère qui se sont pris en main et se sont responsabilisés avec leur staff, rappelle-t-il. C’est beau ce qu’ont fait les joueurs. Ils se sont responsabilisés depuis plusieurs semaines. Je crois même qu’ils m’ont fait la gueule toute la semaine. Je ne voulais pas leur remettre les maillots car c’est quelque chose de symbolique, où on exprime sa confiance et son estime. Je pensais peut-être que cette relation était abîmée. J’ai été touché par les marques d’affection des uns et des autres. J’espère que les jours passant, mon groupe gardera de l’estime pour moi. Pour revenir sur l’histoire des sales gosses, il faut savoir qu’avec mes frères et sœurs, on parle comme ça de nos enfants. C’était affectueux, même si je sais que le timing n’était pas idéal. Mais j’assume ce que j’ai dit, comme je l’ai toujours fait. »