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Miguel Fernandez : « Le rugby pro est en danger de mort »

Sébastien Chabal est l'un des joueurs dont la carrière est gérée par Miguel Fernandez.

Sébastien Chabal est l'un des joueurs dont la carrière est gérée par Miguel Fernandez. - -

Après Pierre-Yves Revol, président de la Ligue nationale de rugby (LNR), c'est Miguel Fernandez, le secrétaire et porte-parole d'Intervalle (syndicat des agents de joueurs) qui s'alarme du projet de suppression du DIC.

Ce DIC (Droit à l’image collectif) arrange qui, au juste ?
Le DIC n'est en aucun cas un avantage fiscal qui exonère les sportifs, ça ne concerne que les employeurs, c'est à dire les clubs. Il s'agit d'une exonération de 30 % des charges patronales sur les salaires éligibles, c'est à dire ceux qui dépassent deux fois le plafond de la sécurité sociale, soit 5 700 euros bruts mensuels. Un exemple sera plus parlant : aujourd'hui, un joueur qui touche 10 000 euros brut mensuels permet au club d’être exonéré de charges sociales sur 3 000 euros. Mais j'insiste, cette exonération ne concerne que les employeurs, pas les employés.

« De 100 à 150 joueurs au chômage »

Concrètement, quelles seront les conséquences?
Imaginez aujourd'hui une entreprise, quelle qu'elle soit, qui aujourd'hui a dans son budget tout ce qui concerne ses charges, son URSSAF, son impôt sur la société. Et du jour au lendemain, on lui dit qu'il va falloir payer de 25 à 30 % de plus dès l'exercice suivant. C'est tout simplement une catastrophe budgétaire pour l'entreprise et, par voie de conséquence, une catastrophe sociale pour les employés. Ou encore, cela revient à dire à un particulier que du jour au lendemain, le taux d'imposition passe de « X% » à « X + 30% »...

Le rugby est-il vraiment en danger, comme le déplorait Pierre-Yves Revol samedi sur RMC ?
Les clubs déjà en difficulté, du fait d'une conjoncture économique difficile, se retrouvent dans une situation encore pire. Cela revient à retirer une bouteille d'oxygène à un insuffisant respiratoire. En clair, on s'achemine, si le projet n'est pas retoqué par le Sénat, vers trois à cinq clubs en dépôt de bilan et de 100 à 150 joueurs au chômage. Encore une fois, nous ne contestons pas le fond du projet, mais bien la forme. En sport, on ne change pas les règles du jeu en cours de saison. Là, on vient de piéger des employeurs qui on monté leurs budgets en fonction de ce DIC initialement prévu pour durer jusqu'en 2012. Le rugby pro est en danger de mort.

La rédaction - Laurent Depret