Nouvelle-Zélande-France : Il y avait la place…

Wesley Fofana - -
Le XV de France du 3 juillet 1994 n’a toujours pas de successeur. Battus par la Nouvelle-Zélande ce samedi (23-13) pour la première rencontre de la tournée 2013, les Bleus n’ont pas su imiter leurs glorieux aînés, dernière sélection étrangère victorieuse à l’Eden Park il y a 19 ans (23-20 avec… Philippe Saint-André comme capitaine), et voient les All Blacks porter leur série d’invincibilité dans leur antre d’Auckland à 31 matches (dont 30 succès de rang) et 6915 jours. Et si la dernière visite tricolore à l’Eden Park avait bien failli rappeler les locaux aux souvenirs de leurs plus beaux cauchemars français, avec une courte victoire en finale de la Coupe du monde 2011 (8-7), les joueurs à la fougère ont une nouvelle fois eu l’occasion de pouvoir constater les misères que sont capables de leur infliger ceux frappés du coq.
Avec une équipe néo-zélandaise privée de nombreux cadres (dont Carter, forfait car touché à la main, et Richie McCaw, en plein repos sabbatique) et qui se retrouvait cette semaine pour la première fois depuis la défaite en Angleterre (38-21) de décembre dernier, la situation semblait parfaite pour surprendre les champions du monde. Mais c’était oublier un peu vite leur capacité à profiter de la moindre erreur. Leur réalisme, aussi. Deux qualités qui ont manqué aux Bleus. Ces derniers avaient pourtant bien entamé la rencontre avec un essai de Fofana, bien décalé par Fritz. Machenaud ne tremble pas au moment de transformer et la France mène 7-0 (10e). Cruden, lui, rate ses deux premières pénalités avant d’en faire enfin passer une entre les perches (3-7, 22e). Libérés par cette réduction du score, les All Blacks vont faire parler la poudre.
Picamoles manque un essai tout cuit
Aaron Smith, d’abord, profite d’une offrande de son homonyme Ben pour aller inscrire un essai transformé par Cruden (10-7, 33e). Pas décontenancé par la pénalité égalisatrice de Machenaud (10-10, 36e), Aaron Smith poursuit son festival pour lancer Sam Cane à l’essai, bonifié par Cruden (17-10, 38e). On pense alors les Blacks capables de se mettre à l’abri au retour des vestiaires. On va avoir droit à tout le contraire. Dominés en mêlée et trop souvent pénalisés, mais avec un état d’esprit « rien à perdre », les Bleus vont créer le danger tout au long de la seconde période. Mais manquer de réalisme dans le dernier geste, celui qui fait les victoires.
Une pénalité du néophyte international Camille Lopez permet de revenir à quatre points (17-13, 47e). Mais l’ouvreur de Bègles-Bordeaux en rate une cinq minutes plus tard et Cruden ne se fait pas prier pour réussir la sienne (20-13, 60e). Au milieu de la litanie des remplacements, les All Blacks sont bougés, et pas qu’un peu. Une volonté tricolore qui ne devra son extinction qu’à la pénalité libératrice signée Cruden (23-13, 75e). Et on se demande encore comment ce match aurait tourné si Picamoles avait pu contrôler le cuir et s'offrir un essai tout cuit suite à la belle percée de Planté (62e)… On ne le saura pas. « Ce qui prédomine, c’est la déception et la frustration, juge Lopez. Sur ce match, il y avait la place de gagner. Il nous reste beaucoup de boulot mais il n’y a pas de raison qu’on ne puisse pas venir à bout de cette équipe. » Et son sélectionneur, Philippe Saint-André, d'analyser : « Il y a de la déception car il y avait la place de faire autre chose. Mais on a été trop déficient au niveau de la conquête et on a manqué de finition alors qu’on les transperce plus qu’ils ne l’ont fait. Les joueurs ont tout donné, il n’y a rien à dire là-dessus, mais il faut qu’on progresse collectivement et sur les petits détails du très haut niveau. » Comme depuis 19 ans, les Néo-Zélandais restent invaincus à l’Eden Park. Mais le XV de France pourra nourrir des regrets. Il y avait la place. Et à Auckland, elle n’est pas là si souvent.
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