Chabal : « Mon corps souffre et ma tête n’a plus envie »

Sébastien Chabal - -
Sébastien Chabal avait convoqué la presse, ce lundi à Lyon, pour confirmer ce à quoi tout le monde s’attendait. A 36 ans et après avoir réussi l’ultime défi de sa carrière sportive à savoir faire remonter Lyon en Top 14, le deuxième ou troisième ligne ne remettra plus les crampons la saison prochaine. « Je vais vous annoncer ce qui n'est plus un secret mais qui qui n'a pas encore été réellement dit. A la fin de saison, c’est-à-dire dimanche (contre La Rochelle, ndlr), je vais arrêter ma carrière de joueur de rugby », a-t-il déclaré en préambule. Après avoir balayé son parcours, qui l’a vu porter les maillots de Bourgoin (« une fierté »), Sale (« une mise en danger qui m’a permis de devenir un très bon joueur de rugby »), le Racing Métro (« un fin en queue de poisson mais le genre d’expérience qui forge un homme ») et donc Lyon, l’ancien international s’est prêté au jeu des questions. En toute sérénité.
Sébastien, pourquoi avez-vous pris la décision d'arrêter ?
Mon corps et ma tête me disent qu’il faut que j’arrête. Mon corps souffre et ma tête n’a plus envie de faire souffrir mon corps. A partir de là, tout est dit. On ne peut pas pousser quelqu’un qui n’a pas envie d’avancer. Je crois que j’ai fait le tour de la question. J’ai vécu de grands moments. Les sportifs, nous avons la chance de vivre au moins deux vies. Ma vie de sportif a été fantastique et j’espère que ma vie professionnelle sera aussi riche. Mais je n’ai pas de doutes.
On sent de la sérénité dans votre voix...
Oui, parce que cette décision est réfléchie. Je suis détendu parce que j’ai préparé mon après. C’est plus simple quand tu décides pour toi-même. L’équipe de France, ce n’est pas moi qui ait décidé de l’arrêtée quand je n’ai pas été retenu en 2011 (pour la Coupe du monde, ndlr). C’est plus compliqué à gérer.
Quel a été le meilleur moment de votre carrière ?
J’ai du mal à détacher un moment précis de ces 16 ans. J’ai vécu de belles émotions et de grandes tristesses. Les émotions qui se suivent font que celles d’avant ou celles d’après ont plus de relief. C'est une continuité d'événements qui fait qu'on est content et qu’on peut être fier de ce qu’on a fait.
Quel regard portez-vous sur votre passage en équipe de France ?
Je ne mesure pas encore la chance que j’aie d’avoir été sélectionné à 62 reprises. Je trouve ça improbable, incroyable parce que c’est quand même beaucoup et c’est chouette.
« Je ne sais rien faire tout seul »
Avec votre look et votre style de jeu, pensez-vous avoir joué un rôle dans la popularisation du rugby en France ?
Je n’aurais pas cette prétention. Mais peut-être que depuis la Coupe du monde 2007, la France avait besoin d’un porte-drapeau, d’une icône. J’ai été choisi pour porter ces valeurs. Ça a continué. Les gens m’ont adopté tel que j’étais. J’espère ne pas avoir changé et j’espère que je ne changerai pas. J’ai conscience de l’image que je représente dans le rugby français, ou même mondial. Je ne l’ai pas fabriquée. Je le prends mais ce n’est pas la vraie vie. La vraie vie, elle est autour de moi.
Pourriez-vous devenir entraîneur ?
Vous allez vite en besogne ! J’ai dit que je voulais couper du terrain mais pas du rugby. Je crois que si j’avais la fibre, elle se serait déjà manifestée. Ce n’est pas parce qu’on a été un joueur correct qu’on devient un bon entraîneur. Ce n’est vraiment pas ce que j’ai envie de faire. Après, qui sait ? Dans deux, trois ou quatre, peut-être que le terrain me manquera et que j’aurai envie de transmette. Mais pas aujourd’hui.
De quoi votre avenir va-t-il donc être fait ?
Il va être bien rempli. En arrivant à Lyon, j’avais signé un contrat de deux ans en tant que joueur et un contrat à plus long terme avec le groupe GL Events, qui est l’actionnaire majoritaire du club. Je vais avoir l’opportunité de rester au contact de mon président (Yann Roubert, ndlr) et du staff sportif pour les accompagner dans le développement et l’ancrage du LOU dans le haut du rugby français. Et je vais aussi apprendre les métiers de l’événementiel.
Vous imaginez-vous en businessman ?
Businessman, je ne sais pas, mais peut-être entrepreneur. J’ai surtout envie de continuer à travailler en équipe. J’ai fait partie d’un groupe toute ma vie et je pense que, seul, on tourne vite en rond. C’est bien d’être entouré. Je ne sais rien faire tout seul parce que je pense qu’on n’est pas grand-chose tout seul.
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