Stade Français: un dirigeant de la section féminine accusé de propos lesbophobes et sexistes

Le directeur sportif de la section féminine du Stade français est visé par des accusations de propos lesbophobes et sexistes provenant de plusieurs joueuses et d'une dirigeante, qui dit avoir déposé plainte en mars, a-t-elle confirmé à l'AFP vendredi, après des révélations de Mediapart.
Laura, la plaignante de 27 ans citée dans l'enquête du média d'investigation, évoque des "propos dérangeants, homophobes et sexistes" qui ont poussé la directrice bénévole de l'équipe féminine de rugby à porter plainte dans un commissariat. Joueuse dans le club parisien durant une saison en 2022-2023, elle a ensuite intégré l'encadrement au moment où le directeur sportif a pris ses fonctions au sein de l'association qui gère les catégories de jeunes et féminines du Stade français, en parallèle de la structure professionnelle masculine évoluant en Top 14.
"Une énième humiliation"
Laura dit avoir subi "une énième humiliation" lors des vacances de la Toussaint, à l'automne dernier, ce qui l'a alors poussée à faire un signalement à la Fédération Française de Rugby (FFR) en décembre, démarche dont elle a informé le bureau exécutif du Stade français.
La FFR a confirmé à l'AFP avoir reçu ce signalement sur sa plateforme dédiée et que le conseil de discipline du rugby français a été saisi. "Dans le dossier que j'apporte à la Fédération, il y a six témoignages (de joueuses), mais il faut savoir qu'il y a des filles qui n'ont pas osé témoigner, par peur que ça entache leur carrière rugbystique", souligne Laura, affirmant que le dirigeant menaçait les joueuses de "pourrir" leurs carrières si elles quittaient le club.
Les témoignages font état d'insultes homophobes, dénigrant la sexualité des joueuses. Une enquête interne est menée mais début janvier, il est décidé, selon Mediapart, que les propos homophobes et sexistes ainsi que le harcèlement ne "sont pas retenus" contre le directeur sportif, qui aurait écopé d'un blâme.
Une des joueuses, Laurane, qui évolue en première ligne depuis trois saisons, évoque pourtant auprès de l'AFP "des prises de parole très agressives" et se souvient d'une séance vidéo particulièrement dure: "Il a passé cinq minutes à me crier dessus devant tout le monde, dire que j'étais au rugby pour draguer les arbitres, pour avoir leur numéro", affirme-t-elle. Laura questionne également le rôle de la structure professionnelle dirigée par l'ancien international Thomas Lombard, avec qui elle a eu rendez-vous, mais dont elle juge le soutien "inexistant".
Contacté, le Stade français n'avait pas répondu aux sollicitations de l'AFP vendredi après-midi.