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Tellement cruel pour les Bleus...

Aurélien Rougerie, Fabien Barcella et Thierry Dusautoir

Aurélien Rougerie, Fabien Barcella et Thierry Dusautoir - -

Oui, le XV de France aurait pu devenir champion du monde pour la première fois de son histoire ce dimanche à Auckland. Les joueurs de Marc Lièvremont ont fait trembler les All Blacks dans leur antre de l'Eden Park grâce à une performance exceptionnelle, mais ont échoué d'un petit point (7-8).

Il y a quatre mois, à Marcoussis, ils levaient de la fonte. Et les plus doux rêveurs, ou les plus fous, imaginaient qu’elle se transformerait en or à l’autre bout du monde. Que les haltères deviendraient un trophée de dimension modeste, mais au prestige incommensurable. Que la Coupe du monde serait pour la première fois de son histoire une propriété française, pendant quatre ans, de 2011 à 2015. Qu’elle ferait le tour du pays, des Zéniths, des échoppes, des salles des fêtes, des plages et des campagnes. Et rassemblerait une nation du rugby fière de son équipe, de ses 30 représentants. Le rêve a failli devenir réalité ce dimanche sur la pelouse de l’Eden Park. La France est passée à deux doigts d’être sacrée championne du monde après 80 minutes exceptionnelles face aux All Blacks (7-8).

Mais ce sont les All Blacks, bousculés comme jamais depuis le début de la Coupe du monde, qui ont explosé de joie et de soulagement au coup de sifflet final. Comme en 1999, en demi-finales (43-31), et en 2007, en quarts (20-18), les Bleus, qui jouaient en blanc, ont pourtant donné des sueurs froides au peuple néo-zélandais. Et dès le haka. Face à Piri Weepu et les siens, Thierry Dusautoir et sa bande se sont rangés sur la ligne médiane en formant un V qui, a posteriori, n’était pas le V de la victoire. Et les Bleus ont avancé, dépassé la limite, se sont rapprochés des All Blacks jusqu’à les provoquer. Les prémices de ce qui allait se passer sur le terrain pendant les 80 minutes suivantes. Si l’essai du pilier Tony Woodcock sur une combinaison en touche (14e) a permis aux Néo-Zélandais de faire la course en tête, ils ont énormément souffert face à la conviction française que tout était possible.

La merveille d'essai n'a pas suffi

L’Eden Park a sifflé, à la pause, quand Piri Weepu a tapé très vite en touche et que l’avantage était minime (5-0). Les 60 000 spectateurs se sont alors souvenus qu’en 1999 et 2007, les Blacks menaient de 7 et 10 points après les 40 premières minutes face aux « Frenchies ». Et quand François Trinh-Duc, rapidement entré en jeu après le très mauvais geste de Richie McCaw sur Morgan Parra, a tenté la pénalité qui aurait permis aux Bleus de prendre les devants à un quart d’heure de la fin, les sifflets ont redoublé d’intensité. Comme si le public, saisi par la peur, oubliait d’un coup une bienséance que la presse locale avait mise au rencard cette semaine. Craig Joubert, l’arbitre sud-africain de cette finale, aurait certainement pu trouver une autre occasion de pénalité en faveur des joueurs de Marc Lièvremont. Mais sa sévérité envers les « Nordistes » l’en a interdit. Jean-Marc Doussain, pour sa première apparition de la Coupe du monde, a ensuite vu le ballon lui glisser des mains sur un ultime regroupement.

Et les All Blacks ont pu vivre les trois dernières minutes avec une extrême prudence. Le ballon bien au chaud, entre les avants, jusqu’à la délivrance. Les champions des cœurs, lors de cette finale qui restera comme la plus serrée de l’histoire au score, sont français. Tous les errements des mois passés paraissaient tellement lointains quand Aurélien Rougerie, exceptionnel, ou encore Imanol Harinordoquy, le Basque bondissant, transperçaient le premier rideau néo-zélandais. Et quand Thierry Dusautoir raffutait Ma’a Nonu et aplatissait (47e) au terme d’un mouvement incroyable initié par Aurélien Rougerie. Mais l’histoire ne retient que les vainqueurs, parait-il. Ils sont tout de noir vêtus, avec leur star Dan Carter en tribunes, une absence que la maladresse de Piri Weepu aurait pu souligner avec un trait très gros. Mais elle leur était promise cette deuxième Coupe du monde à domicile, après leur premier succès face à la France en 1987. Et que c’est amer pour les Bleus. Pour Marc Lièvremont, si près de finir en beauté son postulat à la tête des Bleus après tant de batailles contradictoires. Un point. Il avait basculé du bon côté contre les Gallois en demies (9-8). Qu’il est cruel, une semaine plus tard. Un point, c’est tout…