RMC Sport

Où est passé le French Flair ?

C'est la puissance des Bleus sur les phases de conquête qui a fait la différence contre l'Argentine. Pas son jeu à la main

C'est la puissance des Bleus sur les phases de conquête qui a fait la différence contre l'Argentine. Pas son jeu à la main - -

Victorieux des deux premiers matches de sa tournée d’automne, le XV de France n’a pas pour autant convaincu sur le plan de jeu. Comme si la marque de fabrique de l’équipe de France durant des décennies ne faisait plus partie de la palette bleue.

Samedi à la Mosson, il était aux abonnés absents. Il n’était pas beaucoup plus présent une semaine plus tôt sur la pelouse détrempée de la Beaujoire. Il, c’est le French Flair, ce « terme magnifique qui qualifiait le jeu pratiqué par le XV de France dans les années 50 », se rappelle en souriant Jo Maso, le manager général des Bleus. « C’était l’époque du grand Lourdes, de Jean et Maurice Prat, poursuit-il. C’est un jeu qui a ensuite été magnifié par les frères Boniface, Jean Gachassin puis les joueurs de ma génération comme Pierre Villepreux. Et enfin par les Denis Charvet, Philippe Sella et Serge Blanco. Tous ces joueurs portaient l’espérance d’un jeu offensif. »

Chaloupé, fluide, élégant. Et réaliste. Rien à voir avec les trois essais sans passes inscrits contre les Fidji, voire l’absence totale d’essai recensé contre l’Argentine. Certes, dans le premier cas de figure, les Bleus avaient vu leurs initiatives fortement contrariées par des conditions météo difficiles. En revanche, face aux Pumas, c’est souvent la maladresse qui est venu annihiler les belles intentions tricolores. « Vous savez, le rugby est devenu tellement compliqué, juge Sébastien Chabal . C’est de plus en plus difficile de manœuvrer les défenses adverses. Marquer un essai en première main est devenu quelque chose de très rare. »

La puissance a ses limites

Suffisamment pour renoncer définitivement au French Flair ? « Aujourd’hui, je crois que ce concept de jeu est un peu dépassé, insiste le troisième ligne international. On manque encore de repères communs et de précision devant mais il y a eu plein de bonnes choses contre l’Argentine. Sur les bases du rugby, la mêlée et la touche, on a été performant, solide. Et en défense, on a été efficace. »

Répondre présent au combat, s’imposer sur les phases de conquête, telles sont les qualités qu’ont montrés les Bleus dans cette tournée d’automne. Bis repetita samedi contre l’Australie ? L’ancien trois-quarts centre international ou demi d’ouverture Franck Mesnel ne l’espère pas. « Je ne suis pas d’accord avec Sébastien quand il dit que le French Flair est dépassé. Les perspectives d'évolution de ce jeu sont sur la vitesse des passes, la vitesse de course et l’effet de surprise. La puissance est efficace mais elle a ses limites. Pourquoi les Blacks sont forts ? Parce qu'ils jouent très très vite, très forts. La force d'une équipe de France, c'est d'être une angoisse pour l'adversaire. C'est surprendre l'adversaire, c'est focaliser l'attention sur de la surprise, de la folie... Et la folie, on ne l'a pas. » Mais avec un soupçon de French Flair en plus…

Alix Dulac avec L.D et J.R