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Rugby argentin, une question d’éducation

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Si le football est le sport le plus populaire d’Argentine, le rugby et ses valeurs pédagogiques se taillent un beau succès chez les élites du pays. Explication d’un phénomène social.

Ce pourrait être un coin d’Angleterre, où des étudiants d’Oxford ou de Cambridge taillent le bout de gras dans leurs polos immaculés. Ici aussi le gazon est impeccable. Mais ce n’est pas l’Angleterre. Ici c’est Rosario, le premier club de rugby fondé en Argentine en 1867 grâce à deux immigrés anglais venus tracer des voies de chemin de fer. A une époque où le Stade Français, fondé en 1883, n’avait pas la moindre idée de ce « sport de voyous pratiqué par des gentlemen ».

Comme en Angleterre, le rugby est le sport favori de la grande bourgeoisie, avec le polo. C’est l’activité des avocats ou des médecins. Le plus célèbre d’entre eux fut Ernesto « Che » Guevera qui taquina le cuir ovale avant d’entreprendre à moto son voyage à travers l’Amérique du Sud et devenir l’icône de la révolution cubaine.

La fédération argentine compte 50 000 licenciés et ne disposait en 2007 que de 2,5 M$ de budget contre un peu plus de 80 pour la France par exemple. « On manque de structure, d’encadrement, de préparation professionnelle », note Gonzalo Quesada, ancien Puma et entraîneur du jeu au pied du XV de France. L’Argentine c’est un rugby romantique où l’on n’est pas payé pour jouer mais où l’on sort les pesos pour se retrouver sur un terrain. Le championnat des provinces est purement amateur et les joueurs ne reçoivent rien lorsqu’ils sont appelés en sélection.

Bourgeoisie et romantisme

« Il y a une très belle formation où on inculque des notions de respect et de solidarité. On apprend à être un homme avant d’être un rugbyman », rajoute Quesada. Ce n’est qu’une fois leurs diplômes universitaires en poche et un avenir assuré, que les meilleurs tentent l’aventure européenne. Petit à petit, la Fédération se structure pour emmener ses jeunes vers le plus haut niveau sans qu’ils passent par la case Europe.

Ces valeurs de cœur, de noblesse d’âme et de dépassement plaisent au public qui a commencé à se détourner (un peu) du football et de ses stars surpayés. Avec les résultats, la greffe prend au pays de l’idole Maradona. La preuve : le stade de Velez Sarsfield rassemble souvent plus de 25 000 aficionados pour les matches des Pumas.