Thomas: "L’honnêteté dans le sport sera toujours respectable"

ENTRETIEN RMC SPORT. Premier rugbyman de renom à avoir fait son coming out il y a cinq ans, Gareth Thomas va plus loin dans son ouvrage « Fier » (Robert Laffont), à paraître ce lundi. Dans son livre, l'ancien international gallois n’élude rien : de ses tentatives de suicide à sa dépendance à l’alcool, en passant par ses escapades à Soho, son mariage prétexte, ses relations compliquées avec sa femme Gemma, ses relations avec ses parents ou encore avec le public et les médias. Un livre vrai émouvant, honnête et bouleversant. Entretien.

Gareth, l’accouchement de cet ouvrage a-t-il été compliqué ?...

Oui, ça a été très difficile... Je n'avais jamais eu l'intention de faire, d'écrire un livre. Mais il m'est apparu que bon nombre de personnes pensaient avoir la bonne perception de qui j'étais à la simple lecture d'un article de journal. Quelques journalistes avaient écrit sur mon compte, il y avait eu quelques interviews à la télévision. Quelques fois, tout cela était correct, mais il me semblait parfois que les voix qu'ils écoutaient ou les lignes qu'ils lisaient n'étaient pas en vérité mes paroles, mes mots. Ce n'était pas moi. Il s'agissait de l'analyse, de la perception que quelqu'un d'autre avait de moi. Je me suis donc décidé à écrire juste une copie, un exemplaire qui serait la définition de qui je suis.

Avec du recul sur vous-même, qui est Gareth Thomas ?

Ce n'est pas une personne formidable, ce n'est pas non plus un minable. C'est une personne avec ses hauts et ses bas et comment elle a vécu avec ça. Mais c'est écrit avec mes mots. C'est quelque chose que j'ai porté en moi et à l'arrivée, c’est la définition optimale de qui je suis, que ce soit dans ma vie de tous les jours, dans le sport. Ce livre, c'est moi.

Espérez-vous que votre ouvrage en inspire certains ?

Oui, oui, je l'espère sincèrement. J'espère sincèrement que mon expérience personnelle, mon chemin de vie, mon coming out va servir. Que des gens vont pouvoir en tirer une force pour eux-mêmes.

Quel est le principal message que vous avez souhaité faire passer ?

Une chose importante que j'ai couchée sur le papier, c'est que même si je donnais une impression de puissance, de force, c'est parce qu'en fait, j'ai eu l'immense chance de faire partie de très grandes équipes. Et les gens qui jouaient dans ces équipes, la culture de ces équipes, ils ont été là pour m'aider à dire la vérité car seul, je n'aurais jamais pu le faire.

Ce livre, ce n’est donc pas une initiative totalement personnelle ?

Jamais je ne dirais que c'est une initiative personnelle. Je l'ai fait car je bénéficie d'un entourage formidable, une famille extra, des équipes géniales. Il est des circonstances qui rendent certains sports différents des autres, et j'ai longtemps pensé que pratiquer un sport d'équipe me rendrait la vie privée plus difficile.

Vous pensiez que le vestiaire se montrerait « hostile » à votre homosexualité ?

Je pensais que si j'avais été ouvertement gay dans un sport collectif, mes partenaires au sein de l'équipe ne m'auraient pas traité de la même manière. Mais la réalité, c'est qu'ils ils m'ont traité comme l'un des leurs à part entière avant, pendant et après que j'ai révélé la réalité sur ma sexualité. Mon histoire est peut être différente de celles d'autres personnes mais de manière intuitive, je pense que l'honnêteté dans le milieu du sport sera toujours respectable. Le jugement se porte sur les capacités à être performant dans le sport. Ce sera -je pense- toujours plus fort que de juger les personnes sur leur sexualité.

Laurent Depret