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Top 14: "Au Vélodrome, la plus belle Marseillaise à laquelle j’ai pu participer", s’enthousiasme Thibaud Flament

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Le 2e ligne international du Stade Toulousain enchaîne les bonnes performances. Devenu un cadre en club, il est maintenant un joueur qui compte également avec le quinze de France. Les performances du Stade Toulousain, son évolution depuis son retour en France il y a deux ans, sa régularité au plus haut niveau, l’aventure en bleu et la commotion dont il a été victime en novembre, il a pris le temps de se poser, au moment de recevoir Castres ce soir au Stadium avec Toulouse (21h).

Vous êtes leader du Top 14, premiers ex-aequo de votre poule de Champions Cup, onze victoires en quatorze matchs et beaucoup de sérénité semble se dégager de votre équipe…

On est en confiance, ça se passe bien. On se trouve bien sur le terrain, on a bien rebondi après la période internationale et tout le monde s’est bien remis dans le mode « club ». Ça tourne plutôt bien. On grandit, des résultats nous donnent encore plus confiance. Après, on reste humbles, on sait que rien n’est fait, que pleins de matchs compliqués arrivent comme celui face à Castres. Pleins d’évènements sont différents à chaque fois, donc rien n’est fait.

Il y a-t-il des leçons de la saison dernière, sans titre, qui reviennent dans les mots du staff ou même entre joueurs?

Une des choses qui a fait qu’on a pu échouer l’an passé, c’est la fatigue, la longueur de la saison. Pour l’instant, ça se passe bien. On gère bien les corps, la récupération, la gestion du temps de jeu, des joueurs. Tout ça fait que pour l’instant, on se sent vraiment bien.

Quel regard portez-vous sur le potentiel du groupe?

C’est sûr qu’on a plein de cartes en mains. A nous de les utiliser au bon moment. Contre le Munster (victoire 13-18), on n’a quasiment pas touché le ballon et fait que défendre. Face à Sale (45-19), on a du coup plus touché le ballon et on a su s’adapter. Il faut qu’on continue à avoir cette force et à répondre présent sur tous les aspects du rugby qui se présentent à nous.

C’est un aspect un peu caméléon de votre équipe?

Oui, c’est ça, on arrive à prendre du plaisir en fonction du match. Dans différents registres. Et ça nous a plutôt bien réussi jusqu’à présent.

Et vous, personnellement, quel registre avez-vous préféré?

Franchement ? Les deux ! C’est dur de trancher. C’était vraiment deux parties différentes, mais les deux étaient géniales. Je n’ai pas vraiment de préférences. Au contraire, j’aime, et l’équipe aussi je pense, avoir cette adaptabilité, qu’on arrive à mettre en place parfois.

Au moment de retrouver le Castres Olympique, avez-vous encore en mémoire votre élimination en demi-finale la saison passée?

Oui, carrément. C’est sûr, on est content de les retrouver. On a un peu ce souvenir de la saison dernière où ils nous ont battus. Donc on a hâte de rejouer contre eux et de voir ce qu’il se passe.

Thibaud Flament: "Avec les Bleus, pour l’instant, c’est un peu magique"

Vous concernant, quelle est la différence entre le Thibaud Flament qui est arrivé il y a deux ans et l’actuel?

Je pense que j’ai changé un peu dans mon rugby, dans la confiance que je peux avoir en moi aussi. Je suis plutôt satisfait même si j’ai encore du travail, mais je suis bien entouré pour continuer à avancer. Mais de pouvoir toucher le très haut niveau avec l’équipe de France, ça m’a permis de bien mettre en lumière les points où je pouvais progresser. De voir les lacunes que j’avais dans certains secteurs. Le jeu sans ballon, les zones de rucks. Des trucs sur lesquels je dois encore progresser. Mais depuis que je suis arrivé à Toulouse, je pense que j’ai déjà progressé dessus. Après, le secteur de la touche aussi, sur lequel j’aime bien avoir des responsabilités maintenant. Mais j’ai avancé.

Depuis la tournée d’automne 2021, vous avez été de quasiment tous les rendez-vous du quinze de France (onze sélections au sein de la série des treize victoires de suite du quinze de France, il n’a loupé que le match au Pays de Galles l’hiver dernier et le Japon à Toulouse après une commotion face à l’Afrique du Sud, ndlr). Etes-vous quelqu’un qui compte en Bleu?

(il souffle) Je n’aime pas trop ces questions… ce n’est pas à moi de répondre à ça. J’essaie de remplir la tâche qui m’est donnée quand j’ai l’occasion de porter le maillot. Et voilà. Je suis content de pouvoir être là.

Vous faites toutefois preuve d’une grande régularité depuis des mois, importante au plus haut niveau…

Oui c’est important. Je suis content d’en être là, mais je suis conscient que ça peut monter très vite et redescendre très vite. Donc je profite, je travaille et on avance.

Que vivez-vous avec l’équipe de France? Que diriez-vous de cette aventure?

Pour l’instant, c’est un peu magique. Moi je ne peux pas comparer avec ce qui se faisait avant parce que ça ne fait pas très longtemps que j’y suis mais c’est vrai que c’est vraiment magique. Chaque rassemblement, tout le monde est content de se retrouver. Vu que je n’ai pas évolué en France, je ne connaissais pas les mecs avant d’arriver ici. Ça m’a permis de côtoyer d’autres personnes, c’était sympa aussi. Au Japon Thomas Jolmes nous a bien fait rire, je m’entends bien aussi avec Dylan Cretin, voilà, quelques mecs qui ne sont pas d’ici et qui sont sympas. Et les résultats sont bons, on travaille dur. Donc pour l’instant, ça tourne bien, c’est génial.

Et niveau rugby?

On sent que tout le monde veut hausser son niveau de jeu, tout le monde veut être sur la feuille, de façon saine. Ça travaille bien, tous dans la même direction et on est bien encadré. C’est top.

Est-ce que la Coupe du monde de football et l’engouement autour de l’équipe de France vous a un peu projeté vers celle de rugby en France en septembre prochain?

C’est vrai qu’on se dit que les prochains, c’est l’équipe de France de rugby. Ça rappelle que c’est dans pas très longtemps et qu’il faut se préparer pour ça.

Avec l’idée "d’embarquer" avec vous toute une nation?

Oui, c’est sûr que quand on entend un peu ceux qui étaient à la Coupe du monde 2007 ou ceux qui ont participé à celle au Japon, ils nous font part de l’immensité de l’évènement, de ce que ça représente et du public qui est là. Et de l’avoir en France, ça peut être quelque chose de très spécial et d’unique à vivre. On a vécu des moments très forts ces derniers mois et on veut en revivre d’autres. Par exemple au stade Vélodrome, face à l’Afrique du Sud. Personnellement c’est la plus belle Marseillaise à laquelle j’ai pu participer. C’était vraiment incroyable. Ça résonne, ça va fort. On sent vraiment le public avec nous. C’était génial.

"J’ai senti que j’étais bien sonné, que cela ne passait pas"

Sur la route de la Coupe du monde, il y aura des embûches à éviter comme les blessures. Malheureusement pour vous, ce jour-là à Marseille, vous avez subi une commotion qui vous a tenu éloigné des terrains. Comment cela s’est passé?

J’ai pris un choc dans un ruck. J’ai senti que j’étais bien sonné, que cela ne passait pas. Je ne percutais plus, je n’étais plus dedans. Plus apte à participer. J’ai demandé à sortir. Donc on a fait le protocole, c’était bien une commotion. Avec de gros symptômes par la suite. Nausées, maux de tête, qui ont perduré quelques jours.

Comment se passe le protocole commotion autour du match?

Il y en a deux. Au moment de la commotion et à la fin du match. C’est une série de questions, de mémoire vive. Les mois de l’année à l’envers, une série de mots, puis une série de chiffres à répéter. Des tests d’équilibre. Pleins de trucs différents. On le fait deux fois et une fois qu’on a plus de symptômes.

Et le protocole de retour?

C’est très cadré. Tant qu’on a des symptômes, on fait un peu de vélo, pour relancer la machine tranquillement. Il faut oxygéner le cerveau le plus possible, être dehors. Je parle comme un spécialiste (il rigole), mais je répète juste ce qu’on m’a dit. Mais voilà, une fois qu’on a plus de symptômes, il y a un protocole de reprise. Une journée vélo, une autre musculation. Ensuite les deux. Le jour d’après, cardio, celui d’après, contact. Et ensuite entraînement. On discute avec le médecin du club et le neurologue et on avance.

A l’instar de ce qu’a vécu le Clermontois Lapandry, ce sont des blessures qui inquiètent le monde du rugby. Ces témoignages vous font-ils réfléchir?

Oui, bien sûr. C’est une blessure assez grave. Qui peut avoir des conséquences qui sont parfois tristes. Donc il faut prendre les bonnes précautions. C’est parfois un peu frustrant, car on a envie de reprendre, le rythme des terrains nous appelle. Mais il faut savoir faire la part des choses et prendre le temps nécessaire avant de reprendre.

Sans peur pour l’après-rugby?

On se pose des questions. Mais on se dit qu’en faisant les choses comme il faut, tout devrait bien se passer. Donc on relativise.

Par Wilfried Templier