A la chasse aux cadences infernales

Déjà 28 rencontres au compteur pour Imanol Harinordoquy - -
Marc Lièvremont va devoir se creuser la tête. Après Fabien Barcella, l’entraîneur de l’équipe de France va devoir se passer des services d’un autre pilier gauche après la blessure aux ligaments croisés du genou droit de Thomas Domingo. Une blessure apparemment anodine mais aux conséquences cruelles. Alors forcément, après près de deux mois consacrés au Tournoi, la question de la cadence des rencontres revient sur le tapis. « Il y a sûrement la fatigue, mais il n’y a pas que cela. C’est aussi la faute à pas de chance », tempère le manageur du club auvergnat, Jean-Marc Lhermet.
Le constat est implacable : les joueurs français sont ceux qui disputent le plus de rencontres dans le monde. Ce sont aussi eux qui sont sous contrat avec leur club pendant les Néo-Zélandais, Ecossais ou encore Irlandais sont employés par leur fédération. De son côté, Andy Robinson ne fait pas les choses à moitié. Trop soucieux de préserver les forces vives de son équipe, l’entraîneur de l’Ecosse a décidé de laisser au repos cinq éléments majeurs de son XV. A titre de comparaison, l’année de la dernière Coupe du monde, Serbe Betsen avait disputé 36 rencontres contre 22 pour son homologue néo-zélandais, Richie McCaw.
Laporte : « Repenser le système »
« Les règles ne sont pas les mêmes que l’on soit Ecossais, Néo-zélandais, Irlandais, Français ou Anglais, note l’ancien sélectionneur Bernard Laporte. Il faut repenser le système, c’est une évidence. Il faut que l’équipe de France prenne quarante joueurs, qu’ils se préparent, se régénèrent, ne jouent que la Coupe d’Europe ou un nombre défini de rencontres de championnat. Il faudrait que ces quarante soient sous la direction de l’équipe de France. » Alors forcément, ce serait à elle de payer les joueurs. Aujourd’hui, la FFR reverse 4M€ aux quatorze clubs de l’élite contre 16M€ pour les douze clubs anglais, soit une moyenne de 280 000 par club du Top 14 contre 1,3M€ pour le voisin anglais. Les clubs ont vite fait leur choix.
Et tant pis si le nombre de rencontres par saison flirte avec les quarante matchs par an. Il faut donc réfléchir à de nouvelles pistes. Bernard Laporte s’y colle : « L’année de la Coupe du monde, pourquoi ne pas faire sans les clubs français et anglais ? Je dis bien ‘peut-être’. J’ai envie de privilégier la santé des joueurs. » Habitué aux longues blessures, Vincent Clerc abonde : « Les joueurs en équipe de France enchaînent les compétitions et ont très peu de repos. C’est trop. Un moment, la fatigue s’accumule. Il y a peu de hasard. » Avec déjà 28 rencontres au compteur, Imanol Harinordoquy est un des joueurs français les plus utilisés. Et ce n’est pas fini…