Biarritz, au nom du père

Remporté à la dernière seconde par le BO (21-19), le 100e derby basque de l’histoire restera dans les mémoires pour l’irruption sur la pelouse et en plein match du père d’Imanol Harinordoquy, venu défendre son fils agressé. Du jamais-vu !

On savait que le derby basque pouvait accoucher des passions les plus folles, mais de là à voir un père de joueur débouler sur le terrain pour défendre l’honneur de la famille… C’est pourtant ce qui est arrivé à Lucien Harinordoquy dès l’entame d’un match qui sentait de toute façon la poudre. Quelle mouche a bien pu piquer celui qui est connu dans la région sous le surnom de « Lulu de Garazi » (Saint-Jean-Pied-de-Port), le village familial ? On joue la 7e minute. Dans un stade d’Aguiléra chauffé à blanc, les visiteurs bayonnais enfoncent la défense biarrote et passent la ligne. Essai ? Non, car le troisième-ligne de l’Aviron Marmouyet s’est rendu coupable d’une agression caractérisée sur l’international du BO. Les deux hommes s’empoignent, bientôt rejoints par d’autres, les coups pleuvent. C’est alors que Papa Lucien, négociant en bestiaux de son état, pantalon et parka noirs, pull rouge, profitant de la confusion, s’invite sur la pelouse et tente de venger son fiston. Il donne (et prend) quelques bouffes avant d’être mis au sol puis expulsé manu militari du champ de jeu. On le verra ensuite raccompagné à la sortie – dans le calme cette fois – par les stadiers du Biarritz Olympique.

L’Aviron tout près du hold-up

Et le rugby, dans tout ça ? Engagé, forcément. Avec des avants rageurs et des buteurs réglés comme des horloges suisses ou presque, avec mention à Damien Traille, auteur d’un magnifique drop des 40 mètres. A la mi-temps, 12-6 pour Biarritz et un carton jaune logique infligé au pilier bayonnais Boyoud pour un coup de tête. M. Fitzgibbon, l’arbitre irlandais, aurait pu sévir plus tôt… A la reprise, le BO et ses stars enfoncent le clou, sans briller pour autant. Une nouvelle pénalité de Peyrelongue met l’Aviron à 9 points (15-6). Le combat est rude, les gestes dangereux se multiplient : l’arbitre sort deux nouveaux cartons jaunes, un de chaque côté, pour placages hauts intentionnels. Le score évolue en fonction des fautes sanctionnées. Les envolées sont rarissimes. Bayonne revient à 6 points à 20 minutes de la fin (18-12) grâce à un bon coaching de Thomas Lièvremont (6 changements).

Alors qu’on s’achemine bon an mal an vers la deuxième victoire des Rouge et Blanc cette saison en Top 14, le centre bayonnais Gerber récupère habilement une chandelle sur la gauche et sert Lacroix, qui file à l’essai. Accordé cette fois, et transformé : l’Aviron prend la tête pour la première fois du match à six minutes du terme (18-19). Les Ciel et Blanc tiennent-ils leur hold-up dans l’antre de leur rival absolu ? Dernière minute, dernière mêlée enfoncée, ultime pénalité pour Biarritz. Des 35 mètres, Peyrelongue ne tremble pas et offre à son équipe et à son peuple sa deuxième victoire de la saison en Top 14 (21-19). Chez les Harinordoquy, la soirée sera longue.