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Boudjellal : « Prendre un peu de recul pour respirer »

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A l’aube d’une fin de saison excitante pour Toulon, avec la course au titre en Top 14 et une finale de Champions Cup à jouer contre Clermont, Mourad Boudjelall ne cache pas une certaine usure mentale. Le président du club varois pourrait d’ailleurs se mettre un peu en retrait la saison prochaine.

Mourad Boudjellal, serez-vous présent à Twickenham le 2 mai prochain pour assister à la finale de la Champions Cup face à Clermont ?

Cette année, si vous regardez bien, je me suis mis en peu en recul dans les matchs. Je n’ai pas fait beaucoup de matchs à l’extérieur et je n’ai pas fait beaucoup de matchs à Mayol. Je ne sais même pas si je vais être à Londres. C’est possible que je n’y aille pas parce que je ne sers pas à grand-chose. Certains aiment bien y aller parce qu’il y a des banquets, tout ça. Ça ne m’intéresse pas. Je vais voir. Mais je n’ai pas une envie particulière d’aller à Londres. Ou alors, peut-être que j’irai, mais pas au stade.

Vous seriez prêt à rater ce moment historique ?

Oui, mais le moment historique, il appartient aux joueurs. Si on fait un triplé, ce que je ne crois pas, je ne pense pas que j’aurais marqué un essai. Ou bien ça serait surprenant ! Quand vous êtes en tribunes ou au bord du terrain, vous êtes totalement impuissant par rapport à ce qu’il se passe. Moi, l’essai de Bryan Habana en demi-finale, je ne l’ai pas marqué grâce à mes yeux. Je ne suis pas un X-Men. Ça ne sert donc pas à grand-chose d’y être à part pour se pourrir la vie. Parce que c’est ça un match, c’est deux heures de vie pourrie.

C’est une expérience trop dure pour vous ?

Oui, c’est trop dur à vivre et ce sont deux heures de vie pourrie. Pourquoi se torturer la vie pendant deux heures ? Ce sont des conneries. On est là à se battre pour un bout de bois, pour une coupe que l’on pourrait acheter dans un magasin et tout ça couterait beaucoup moins cher. Tout ça pour oublier la fatalité des choses, pour éviter de s’asseoir sur le bord d’un trottoir et se mettre à crier quand sait tout ce qu’il va nous arriver dans l’avenir. Ce n’est que de la drogue. Mais la drogue, c’est bien quand c’est agréable. Là, quand c’est comme ça, c’est désagréable.

Pensez-vous à prendre un taxi et faire le tour de Twickenham pendant une 1h30 ? Ça vous avait porté chance la dernière fois…

(Rires) Oui, surtout que les taxis ne sont pas chers à Londres ! Non, non, je ne sais pas où je vais être. Je ne sais pas où je serai. Toulon ? Londres ? Sincèrement, c’est un truc que je n’ai pas encore décidé.

Si vous réalisez le doublé avec le titre en Top 14, quitterez-vous la présidence du RCT ?

Si on fait le doublé cette année, je pense que l’an prochain, je me ferais une année un peu tranquille. Je ne peux pas quitter la présidence car je suis propriétaire du club. Je dis quoi ? Je quitte la présidence, au revoir, je ne suis plus là ? Je vais dire que je suis plus responsable de tout ce que j’ai signé auprès de mes créanciers ? C’est juste pas possible ! Il faudrait voir la gueule de tous ceux qui bossent avec le RCT, leur dire que mes cautions ne sont plus valables et que je m’en vais. C’est juste impensable. Mais je vais prendre un peu de recul pour respirer. Remarquez, ce sera la dernière de Bernard (Laporte), je ne peux pas rater ça !