Castres – Labit rêve d’un happy end

Laurent Labit - -
Les yeux sont encore pétillants. Le regard, animé d’une joie retrouvée, d’un souvenir encore vivace, malgré les années. A l’entendre, on pourrait presque croire, derrière son pupitre, qu’il porte encore ses crampons boueux de l’époque. Et qu’il serre, fort entre ses mains, le ballon du match, le ballon du titre acquis avec le CO en 1993. « On ne peut pas comparer les époques. C’était un autre rugby. C’était un autre contexte. Il suffit de voir tout ce qu’il y a aujourd’hui : la médiatisation, Internet, les réseaux sociaux. Cela n’existait pas à notre époque. On était contents d’être peints sur les vitrines des commerçants à Castres. Aujourd’hui, les joueurs allument la télé, ouvrent les journaux et se voient partout. »
Laurent Labit a encore l’ambiance autour de la finale du championnat de France 1993 en tête. Celui qui évoluait à l’arrière se souvient très bien de l’approche qu’il avait eue, lui et ses petits camarades. Et de leur comportement, qu’il aimerait retrouver chez ses joueurs samedi. « Il ne faudrait pas que l’on croit que l’on est devenu les plus forts du monde, poursuit-il. Notre principal objectif de la semaine avec Laurent (Travers, ndlr) était de beaucoup parler avec nos joueurs pour qu’ils restent dans ce qu’ils savent faire de mieux. Il faudra que samedi soir, ils soient au maximum de ce qu’ils ont fait jusqu’à présent et qu’ils fassent le meilleur match possible, tout en restant dans le collectif, ce qui nous a permis d’arriver en finale. »
Labit : « Champions du Tarn, champions du Midi-Pyrénées… »
Pour cela, Laurent Labit peut compter sur le soutien de ses troupes, elles aussi focalisées sur le choc de samedi. Et le happy end qu’elles veulent offrir à leurs lieutenants. « Il y aura beaucoup d’émotions par rapport au coach et aux joueurs qui partent, confie le troisième ligne Ibrahim Diarra. C’est la fin d’une histoire avec mes coaches. On pense surtout à cette finale, qui sera la cerise sur le gâteau. On va essayer de faire avec nos armes. Ce serait le plus beau cadeau si je leur offrais ce titre. » La cerise sur le gâteau d’une saison qui aurait pu se transformer en enfer, une fois l’arrivée, pour le prochain exercice, des deux Laurent officialisés au Racing-Métro. « On a entendu beaucoup de choses sur l’intégrité qu’on pouvait avoir, rappelle Labit. Mais la vérité, c’est le terrain et le terrain nous apporte cette réponse-là. On espère partir d’ici par la grande porte ou la très grande porte. »
A défaut d’avoir mouillé, comme son entraîneur, le maillot castrais en 1993, Yannick Caballero a connu le titre et la joie de toute une ville. Et lui aussi a une idée de ce que pourrait être la « très grande porte ». « Je suis né ici. J’ai ça dans le sang, raconte le troisième ligne. J’avais 10 ans en 1993 et j’ai encore plein de souvenirs. Je vais essayer de faire rêver les gens et de ramener le trophée à Castres. » Et de raviver, 20 ans après, la liesse désormais endormie d’un titre de champion de France. « On nous avait simplement taxés de champions du Tarn. Puisque Toulouse est éliminé, depuis le week-end dernier, on est devenus champions du Midi-Pyrénées, lâche, un brin ironique, Laurent Labit. Et peut-être qu’on sera champion de France samedi. » Une autre façon de boucler la boucle pour lui.
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