
Cudmore côté face

A la lutte avec Robins Tchale-Watchou, Jamie Cudmore s'était illustré en assénant un coup de poing au Camerounais en 2009. - -
Il y a le côté pile. L’armoire à glace qui distribue des marrons sur les prés du Top 14 comme les saisonniers se séparent de leurs beignets sur les plages de l’Atlantique ou de la Méditerranée. Jamie Cudmore, son quotidien, c’était le bois et le froid. Au Canada, il s’est essayé au métier de bûcheron avant d’être initié au rugby. En France, il est devenu le boxeur du championnat de France. La brute épaisse qui passe autant de temps dans les tribunes que sur les terrains. Au début du mois d’octobre, le deuxième ligne clermontois a écopé d’une suspension de dix semaines pour un mauvais geste contre les Saracens. Il fera son retour mercredi contre Perpignan et les Catalans devront penser aux protège-dents.
Et puis il y le côté face. Jacques Delmas connaît un autre homme. Entraîneur de Grenoble de 2001 à 2005, il a été le chercher au Canada en 2003. « Ça a toujours été un garçon adorable, explique l’ancien coach de Biarritz. C’était le boute-en-train, un phénomène. » A 32 ans, le Canadien est un cadre de l’ASM. Un élément indispensable à la bonne tenue du pack. « Le combat, c’est sa qualité première, note son ancien entraîneur. C’est quelqu’un qui est très efficace dans les phases de ruck. Mais quand on le voit contre les Saracens, il récupère un ballon, il va marquer. Il a un panel qui s’est quand même agrandi. C’est tout à son honneur. »
Expulsé à Perpignan en 2009
Sur sa faculté à se battre, le doute n’était pas permis. Mais pour Jacques Delmas, Jamie Cudmore « paye peut-être aussi son passé ». Son casier chargé devrait l’inciter à garder son sang froid. « Il ne laisse pas marcher sur les pieds, reconnait l’ancien entraîneur du Stade Français. Mais ce n’est pas un joueur violent. Après, c’est vrai qu’il dégaine vite. Et dans ce rugby moderne, il faut faire attention. Le moindre geste, la moindre velléité, ça peut se retourner contre soi ou contre son club. C’est souvent ce qui ressort de Jamie, mais à tort. Le garçon a d’autres qualités. » Il aura l’occasion de les démontrer mercredi.
« C’est le joueur qui va faire du bien à Clermont, estime Jacques Delmas. Il va leur amener de l’enthousiasme, de la fraîcheur. C’est quelqu’un qui est important qui dans une équipe. » Du côté de l’USAP, Jamie Cudmore n’est pas un inconnu. En septembre 2009, il avait pris un carton rouge à Aimé-Giral après deux coups de poing assénés à Jean-Pierre Pérez et Robins Tchale-Watchou. « Ce n’est pas un enfant de chœur, explique Olivier Olibeau, qui sera son vis-à-vis mercredi. Mais au-delà de ça, c’est un joueur qui est exemplaire dans le combat et l’intensité physique. » Malgré ses travers, Jamie Cudmore a acquis une certaine forme de respect sur les terrains du Top 14.