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Fusion Biarritz-Bayonne : Blanco et Afflelou s’expliquent

Alain Afflelou et Serge Blanco

Alain Afflelou et Serge Blanco - -

EXCLU RMC SPORT. Au bord de la relégation, le Biarritz Olympique et l’Aviron Bayonnais pourraient fusionner leurs structures pros dès la saison prochaine. Les présidents des deux clubs, Serge Blanco et Alain Afflelou, ont fait le point dans le Moscato Show.

Alain Afflelou, Serge Blanco, confirmez-vous travailler sur une fusion entre vos deux clubs ?

Alain Afflelou : Ce n’est pas une fusion entre les deux clubs parce que chaque club gardera son identité. Nous réfléchissons à la création d’une seule entité basque. D’ailleurs, pourquoi ne pas imaginer associer d’autres équipes de la région comme Saint-Jean-de-Luz ou Hendaye… On essaie d’abord de s’entendre entre Bayonne et Biarritz. Aujourd’hui le rugby professionnel, c’est très difficile : il faut des moyens importants. Deux clubs avec deux stades à seulement 3km l’un de l’autre, c’est un peu idiot.

Si cette entité nait, le Biarritz Olympique et l'Aviron Bayonnais existeront-ils encore ?

Serge Blanco : Ne précipitons pas le mouvement. On est en discussion depuis quelque temps. Avec Alain, nous partons sur des bases différentes par rapport à nos clubs respectifs. Moi, je suis un compétiteur et je me pose certaines questions à savoir comment je peux continuer à exister dans ce championnat de Top 14 en étant compétitif pour gagner des titres, ou si je suis obligé de viser le milieu de tableau voire de frôler la descente chaque année.

Peut-on imaginer une structure sur le modèle irlandais ?

SB : Eventuellement. Mais nous, les Basques, on représente certaines choses, certaines valeurs.

Comment continuer à faire exister deux clubs dans une entité commune ?

AA : Quand on dit que les deux clubs vont toujours exister, c’est qu’il y a du rugby amateur dans les deux clubs. Le BO ne va pas disparaitre et l’Aviron non plus. Ce serait toucher à l’identité même et à la racine de ces clubs. Ni moi ni Serge n’avons le droit d’y toucher. C’est la structure professionnelle qui sera commune à cette entité. On continuera donc à former des joueurs à Biarritz, on continuera à en former à Bayonne. Ils continueront à disputer leur championnat ‘’amateur’’ et la structure professionnelle sera unique.

Peut-on imaginer voire cette entité basque dès la saison prochaine ?

SB : Oui, pourquoi pas. Après étude et discussion, tout peut arriver. Mais on n’en est pas là.

AA : On aimerait vous répondre oui. On va essayer de le faire proprement. Si fin mars, les résultats de nos études ne sont pas probants, on laissera tomber pour la saison prochaine. On va prendre toutes nos dispositions pour que les choses puissent se faire. On va commander des audits comptable, juridique, fiscal, sportif.

Concernant le stade, avez-vous choisi lequel pourrait accueillir cette structure ?

SB : Non, il ne faut pas précipiter les choses. On va en discuter.

AA : Toutes ces questions, on se les est posées également. Biarritz était sur un projet de stade, Bayonne aussi : ce qui nous prouve l’intérêt de faire les choses ensemble. A quatre kilomètres de distances, c’est difficile d’avoir deux stades. On choisira quel stade sera le plus approprié mais vous savez, on n’ira pas jouer à Bayonne en étant biarrot ou à Biarritz en étant bayonnais. On ira jouer dans le stade de l’entité. Comme dit Serge : nous tous seuls à Bayonne, on est condamnés. L’argent reste encore le nerf de la guerre. Pourquoi ne pas, à nous deux, essayer d’avoir de l’ambition et les moyens de nos ambitions.

C'est donc une question économique...

SB : C’est vrai que si on monte cette entité basque, ça nous permettra peut-être d’avoir un budget différent mais on a aussi des partenaires, des spectateurs, des supporters, des socios… Il va falloir bien expliquer tout ça. Aujourd’hui, il n’est pas question que Biarritz ou Bayonne meurt.

Pourquoi le faire forcément à un moment où le club va mal ?

SB : Il ne faut pas résonner comme ça. Mais après tout, si un des deux clubs redescendait en Pro 2, ce serait même une solution pour remonter plus rapidement en Top 14. Après, le championnat n’est pas encore fini. Je crois qu’il faut laisser le temps au temps. Il y a des choses que l’on peut faire très rapidement et d’autres que l’on doit analyser. Je suis encore dans cette phase-là. Je me dis aussi que je ne veux pas être le fossoyeur du Biarritz Olympique en refusant d’étudier une autre méthode.

Sur le plan économique, est-ce la seule solution ?

SB : Je suis un petit président avec un budget de 17 millions par an. J’ai d’ailleurs du mal à boucler ce budget. En quatre ans, je l’ai augmenté de 70%. Je ne vois pas comment je peux faire à l’avenir. Je veux bien continuer à être heureux en Top 14, mais si c’est pour batailler à tous les matches, c’est épuisant.

AA : Je suis intimement persuadé que certains seront pour et d’autres contre. On ne pourra pas satisfaire tout le monde. On prendra l’intérêt général. Nous, à l’Aviron Bayonnais, on a également un budget de 17 millions d’euros. A nous deux, ça ne fera pas 34 millions mais si on pouvait arriver à 25 millions, ce serait fabuleux parce qu’on aurait une autre dimension et un autre public. Au départ, Serge Blanco et moi étions nous-mêmes contre cette idée. Il y aura des gens contre et on fera avec. On essaiera d’être pédagogues, d’informer et de séduire : aucun des clubs ne va disparaitre.

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Le titre de l'encadré ici

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Un relégué en moins en Top 14 ?

Si Biarritz et Bayonne décident de fusionner pour former une seule et même entité basque, la Ligue Nationale de Rugby fera face à une situation sans précédent. Jusqu'ici, le Top 14 n'a jamais vu deux de ses clubs s'unir et si les discussions entre Serge Blanco et Alain Afflelou aboutissaient, il pourrait y avoir un club sauvé de la relégation à la fin de la saison en cours. Joint par RMC Sport, la LNR affirme que ce cas de figure n'est pas spécifié dans les textes de la Ligue. Néanmoins, l'article 323 du règlement indique que « lorsqu'un club de 1ère division est rétrogradé, pour raisons économiques ou administrative, en division inférieure [...] il est procédé au repêchage du club de 1ère division le mieux classé sportivement des relégués. » Selon nos information, la Ligue Nationale de Rugby va très vraisemblablement se baser sur cet article du règlement pour repêcher l'un des relégables de Top 14 en cas de fusion du BO et de l'Aviron. Par ailleurs, si les deux clubs sont relégués en Pro D2 à la fin de saison et qu'ils décident malgré tout de s'unir, le club le mieux classé des relégués de Pro D2 sera repêché.

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