Il était une fois un derby…

Biarritz - Bayonne, le match du Pays basque - -
La scène se déroule il y a trois ans. A l’entrée du stade Aguiléra, en lettres capitales, « Biarritz Olympique Pays-Basque » surplombe l’accès à la tribune officielle. Seulement voilà, à quelques jours du derby basque, le « Y » de « Pays » a étrangement disparu... Désormais, il faut lire : « Biarritz Olympique Pas-Basque ». Un très joli coup des supporters bayonnais ! L’anecdote, sympathique et drôle, aurait pu en rester là. Mais, sans doute très fiers de leur effet, les fans de l’Aviron en rajoutent une couche. Dans la foulée, ils confectionnent des t-shirts sur lesquels apparaît une lettre. « Y » bien sûr. Reste que l’excès de zèle est rarement récompensé. Et lorsque le BO inflige un 54-0 à son voisin, il ne faut pas très longtemps aux supporters biarrots pour concocter, à leur tour, des t-shirts sur lesquels on peut lire un chiffre, 54, entouré par un cercle comme... 0. Cet état d’esprit résume à merveille l’atmosphère aigre-douce qui entoure les derbys basques.
Ce samedi après-midi, ce n’est pas à Aguiléra que le BO accueillera Bayonne, mais à Anoeta, à Saint-Sébastien. Mais qu’importe. Pour toute une région, c’est le match de l’année. Celui à ne pas perdre, sous peine « d’en prendre pour six mois », comme aiment le répéter les supporters des deux camps. Six mois durant lesquels le malheureux vaincu doit subir les moqueries incessantes du vainqueur. « Ça chambre énormément, sourit Frédéric, supporter inconditionnel du BO. Mais l’atmosphère reste toujours très festive. » Même si des débordements d’un genre très particulier viennent parfois la colorer. Chaque année, on compte par dizaine les portes repeintes en bleu aux domiciles des supporters biarrots. Coupables ? Des commandos bayonnais organisés. Il est aussi arrivé que les portes des joueurs de l’Aviron deviennent rouges du jour au lendemain. De là à en déduire que les deux clubs ne peuvent pas se voir en peinture…
« C’est un match qui a un goût particulier, reconnaît Pierre Dospital, pilier légendaire de l’Aviron dans les années 80. Quand on gagnait, on finissait neuf fois sur dix en boîte à 3 heures du matin avec les Biarrots. Mais quand on avait perdu, le lendemain, pour ceux qui travaillaient, puisque le rugby n’était pas encore professionnel, il fallait se cacher. » A cette époque, les bagarres entre supporters n’étaient pas rares. « Aujourd’hui, 70% d’entre eux se côtoient, les 30% qui restent sont des gros chauvins anti-Bayonnais ou anti-Biarrots, observe Pierre Dospital. Ceux-là n’ont pas peur de balancer des piques aux joueurs après une défaite. »
Depuis un an, le rapport de force s’est équilibré entre les deux clubs basques. La rivalité sportive a pris du poids. A Saint-Sébastien, l’enjeu sera donc très important. Un point seulement sépare Biarritz, 7e, de Bayonne, 11e. Malheur au vaincu. Car le 27 janvier 2010, date du match retour à Bayonne, est encore loin…