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Juan Imhoff, l'ailier du Racing: "Je déteste perdre"

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Aligné d’entrée lors des quatre premiers matchs de la saison, Juan Imhoff sera encore titulaire avec le Racing ce samedi soir contre Castres (20h45). L’ailier argentin confie pour RMC Sport sa haine de la défaite.

Juan Imhoff, dans quel état d’esprit êtes-vous après la défaite du Racing à Toulouse la semaine dernière et un début de saison mitigé ?

On est un peu frustré parce qu’on travaille bien. C’est le rugby, souvent ça ne paye pas un week-end, mais je pense qu’à long terme ça va venir. On voit bien qu’on a une équipe en construction, mais il ne faut pas non plus paniquer. Ce n’est que le début du championnat, on sait que c’est très long, qu’il faut garder et avaler ses frustrations pour savoir les utiliser plus tard.

A titre personnel, vous étiez frustré en fin de saison dernière par votre manque de temps de jeu alors que vous êtes redevenu un cadre de cette équipe francilienne depuis le début de saison…

Ça prouve encore une fois que le rugby change tout le temps. Il y a des challenges différents chaque année, chaque week-end. Le travail paie, il faut continuer à travailler et ne pas perdre la tête. Aujourd’hui, je sais que j’en suis à quatre titularisations, mais je ne peux pas m’arrêter là-dessus. C’est là que commence le travail du détail, savoir comment je peux faire pour maintenir cette place-là et que je donne encore plus.

Vous feriez presque figure d’ancien au Racing 92…

(Sourire) J’ai déjà 30 ans. Ça fait presque huit ans que je suis au Racing. Je suis très attaché à ce club. Dès le début en arrivant ici (en 2011), je disais qu’il fallait que je me sente comme à la maison. C’est le cas. C’est ma troisième maison qui me donne la possibilité de m’exprimer. Avec les plus jeunes, j’essaie de les aider. Il faut savoir comment donner puisqu’on l'a fait avec moi. Je suis quelqu’un de très strict avec moi-même. Avec les nouvelles générations, j’ai parfois du mal à m’exprimer mais je le fais. Quand je dis quelque chose à quelqu’un, c’est que je l’aime bien. J’ai été éduqué comme ça. Une carrière est très courte et il faut profiter de ces moments. En profiter, ça ne veut pas dire s’amuser, mais donner le maximum.

Vous l’avez dit, vous êtes quelqu’un de très exigeant…

Je ne suis jamais bien ou parfait, je me juge tout le temps. Je pense que je peux toujours faire mieux. Quand je rentre après un match, même après une victoire comme contre Agen, je ne suis pas content. C’est parfois frustrant. J’essaie de séparer les choses et de rester souriant. Mais je suis presque un mauvais perdant. Je suis un compétiteur. J’ai du mal à voir les choses positives. Je comprends que la défaite puisse arriver, mais je ne comprends pas pourquoi ça m’arrive à moi. Je déteste perdre, je déteste ça. C’est la pire chose qui puisse m’arriver, avec le ridicule. Ce sont deux choses qui m’ont beaucoup marqué dans la vie.

La concurrence vous motive-t-elle ?

Je suis toujours en concurrence avec quelqu’un et je suis insupportable. Si je fais du vélo avec ma femme le dimanche, j’essaie d’être devant. Si on fait un test avec le Racing, j’essaie d’être le premier. On va manger, c’est pareil. Quand Maxime Machenaud mange de la salade, je rajoute un peu plus de salade. Ma vie est comme ça. Dans ma famille, la concurrence avec mes frères m’a poussé. Je ne veux pas tricher. J’ai eu la chance d’avoir cette éducation. Parfois, ça fait mal mais ça me donne cette envie d’être le meilleur.

Pensez-vous encore à la sélection argentine et la Coupe du monde 2019 ?

Bien sûr. Depuis 2015, je n’ai pas joué avec l’Argentine, même si en 2016 j’ai joué les Jeux Olympiques avec le maillot des Pumas (à VII). C’est toujours très dur pour moi, c’est encore quelque chose qui me rend plus fort, parce que c’est un challenge, qui souvent, ne dépend pas que de moi. Ça m’oblige à être au meilleur niveau. J’analyse tous les matchs de l’Argentine, je les commente avec ma famille. C’est un plaisir énorme de voir l’Argentine évoluer à ce niveau et battre l’Australie notamment. Ça me donne envie d’y aller, tout en restant calme. Je n’ai pas eu de contacts avec l’Argentine depuis 2015, rien depuis que Mario Ledesma est entraineur. Gonzalo (Quesada) est un ami, on s’entend très bien, mais il n’y a pas eu de discussions.

Espérez-vous disputer cette Coupe du monde ?

Je mentirais si je disais que ce n’était pas le cas. J’ai déjà eu la chance de jouer deux Coupes du monde. Mais aujourd’hui, si je pense à la Coupe du monde, je vais louper des choses. Je pense que c’est un problème de jeunesse, il faut bien sûr avoir des rêves, mais il faut savoir que ce sont des rêves. Les objectifs pour moi, c’est tous les jours, comment je veux faire pour aller à la Coupe du monde. Cela passe par des bons matchs en club toutes les semaines.

Et ce dès ce samedi soir contre Castres avec une nouvelle défaite interdite à domicile…

Perdre, ce n’est pas dans ma tête. Il ne faut pas se louper, on a besoin de points et de trouver une dynamique. Castres est une équipe qui est très bien en place, très à l’aise avec la structure de jeu, qui s’entend vraiment bien. Les Castrais jouent avec une motivation et un engagement au-dessus de tout le reste. Ils sont conscients de la qualité de l’équipe, ce qu’ils peuvent faire et ne pas faire. Quand une équipe se connaît autant, c’est très difficile de la jouer. C’est important de savoir se concentrer sur nous, sur notre jeu, ce qu’on doit faire pour les battre. Souvent, ils te prennent à la gorge et ne te lâchent pas. Ce match sera très important, et même capital, pour nous.

Jean-François Paturaud