La banque suisse et le village gaulois

William Servat, Yannick Nyanga et Patricio Albacete - -
Des protections en mousse qui trainent encore dans l’en-but à quelques secondes du coup d’envoi. Un arbitre, Romain Poite, qui est obligé de retarder d’une minute le début de la deuxième demi-finale du Top 14 entre Montpellier et le Racing-Métro 92. Samedi après-midi, sous le soleil de Marseille, le staff montpelliérain a oublié de faire le ménage et de ranger les équipements utilisés pendant l’échauffement. Une péripétie révélatrice de l’adolescence du club. Devant leurs télés, certains Toulousains ont failli s’étrangler.
Pour eux, sages et tellement rompus à ces moments de tension, ces petites bourdes sont impensables. Pourtant, samedi prochain, au Stade de France, le géant aux 17 titres de champions de France et quatre victoires en Coupe d’Europe, affrontera bien le petit poucet montpelliérain, né d’une fusion il y a seulement 25 ans et au palmarès vierge au plus haut niveau, qu’il n’a rejoint qu’en 2003.
Stabilité contre crise quasi permanente
Il y aura d’un côté, une gestion façon long fleuve tranquille, au fil de 104 ans d’existence, avec un entraîneur, Guy Novès, en maitre d’œuvre depuis 1989. Et de l’autre, des Montpelliérains qui vivent une saison de rêve mais changent de président comme de chemise. Et encore la semaine dernière, avec l’arrivée de l’entrepreneur Mohed Altrad et le recul de la famille Nicollin.
Ce sera donc la banque suisse aux 30 millions d’euros de budget, « la grosse écurie de Toulouse » dixit le demi de mêlée héraultais Julien Tomas, face au village gaulois des Montpelliérains (15 millions d’euros de budget) qui, rappelle Jean-Baptiste Elissalde, l’adjoint de Guy Novès, « s’évertuent à dire qu’ils sont une bande de copains, qu’ils vivent un truc extraordinaire et qu’ils veulent aller jusqu’au bout avec un état d’esprit et un enthousiasme assez rare dans le rugby. »
Des compliments échangés, mais aussi des différences étalées et un seul point commun entre Goliath et David : la production de leur centre de formation respectif, alimentant aujourd’hui l’équipe de France et ayant offert à Montpellier le titre de champion de France cadets cette saison. Du déséquilibre des forces naissent parfois les émotions les plus folles. Le choc des extrêmes, programmé samedi à 20h45, est plein de promesses.