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Le Pays basque va-t-il entrer en fusion ?

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Le 101e derby entre Bayonne et Biarritz qui aura lieu samedi (16h15) à Jean Dauger est crucial pour deux clubs en souffrance. Le bon moment pour relancer l’idée d’une fusion ? Peu y croient. Et pourtant…

L’Aviron biarrot ? Le Bayonne Olympique ? Le nom est encore à trouver mais pourquoi chercher un nom à quelque chose qui n’existe pas ? La fusion des deux clubs basques est un thème récurrent sur ce bout de côte atlantique. Il en agace beaucoup, trop attachés à leurs couleurs pour imaginer en changer un jour. Mais d’autres pensent que c’est une fatalité pour deux clubs qui ont de plus en plus de mal à rivaliser avec les gros budgets du Top 14. « La fusion est inéluctable », assène ainsi Jean-Louis Berho.

Le derby, il connait. Il lui a consacré un livre et en vit un chaque année dans la peau du speaker d’Aguilera, le stade de Biarritz. « Je cite souvent l’exemple languedocien, quand Béziers et Narbonne dominaient le rugby national. On n’entendait alors jamais parler de la capitale régionale, Montpellier. C’est aujourd’hui l’inverse. La fusion est inéluctable, le vent de l’histoire souffle en ce sens. Si nous ne le faisons pas, on ira voir un jour l’Union Bègles-Bordeaux plutôt que Biarritz ou Bayonne. »

Blanco : « Si on doit le faire un jour… »

La thèse parait un brin radicale, mais chacun est conscient que la réalité économique pourrait accélérer ce qui reste « impensable » pour Fred Gravé, le président du club de supporters « Aupa BO ». « On a chacun nos valeurs, même si elles sont proches. On est conscient que, financièrement, on ne pourra pas rivaliser avec Toulouse, Clermont ou Toulon. Mais des clubs avec des budgets inférieurs, comme Castres, y arrivent », argue-t-il. Jean-Jo Marmouyet, 3e ligne de Bayonne et basque jusqu’au bout des crampons, réduit le débat à « une discussion de comptoir. Ce n’est pas envisageable à l’heure actuelle, peut-être dans les prochaines décennies. Ça le deviendra quand l’économie aura pris le dessus sur le côté affectif », assène-t-il en espérant que ce soit le plus tard possible. 

Le président de Biarritz, Serge Blanco, entend régulièrement le douloureux sujet revenir à ses oreilles. « Je ne vois pas pourquoi ce serait inévitable. Ça se passera si on doit le faire un jour mais ce n’est pas la peine de le provoquer. Ce n’est pas quand tous les voyants sont au rouge qu’il faut faire ça. Une misère plus une misère, ça fait juste une plus grosse misère », calcule-t-il. 

Le coach Patrice Lagisquet parle aussi gros chiffres : « Je pense qu’il y a la place pour un très grand club au pays basque, qui pourrait attirer des dizaines de milliers de spectateurs, croit le technicien du BO. On pourrait alors lutter avec les gros budgets. Mais il y a la réalité de ces clubs, leur histoire. Si les deux villes sont très proches, elles ne vivent pas de la même manière », poursuit-il. Dernier point : une fusion signifierait la fin des derbies et ça, Fred Gravé n’ose l’envisager. « L’ambiance autour des derbies est tellement forte, passionnée. Non vraiment, c’est impensable. » Vraiment ?

Silvère Beau (avec O.S.)