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"Les derniers jeunes que j’ai vu comme ça? Serin et Jalibert": A 18 ans, le phénomène Hutteau impressionne à l’UBB

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Il va honorer sa première titularisation contre le Stade Français. A seulement 18 ans, Valentin Hutteau est en train de réussir son début de saison à l’UBB. Il affiche déjà une maturité dans le jeu qui impressionne pour un jeune qui ne totalisait qu’une seule rencontre professionnelle et que beaucoup comparent déjà aux grands noms du rugby français.

Sur le terrain d’entrainement son visage juvénile et son mètre 69 en font une attraction. Le gabarit de Valentin Hutteau tranche avec son assurance et sa capacité à diriger son pack lorsque son équipe est sur la pelouse. Ses qualités rugbystiques font même penser au meilleur joueur du XV de France. "Plaqueur, gratteur, franchisseur, tout en allant très vite et en étant dominant dans les impacts. Je n’aime pas faire de comparaison, mettre trop en avant des jeunes comme lui, mais c’est un petit Antoine Dupont, confiait Bruno Ghiringhelli, le directeur sportif de Massy, dans les colonnes du Parisien en 2023. Au vu de ses qualités, de son profil, il ressemble beaucoup à ce type de joueur."

Il n’aura disputé que 19 petites minutes chez les séniors à Massy en Nationale (3e division) avant de se jauger dans l’enfer du Top 14. Et son début de saison impressionne. "C’est surprenant quand tu vois son âge mais quand tu vis avec lui depuis deux mois, ce n’est pas si surprenant, détaille Jefferson Poirot capitaine de l’UBB. C’est un jeune qui est arrivé avec beaucoup de maturité. Les derniers jeunes que j’ai vu arriver comme ça en 9, 10, c’est Baptiste Serin et Matthieu Jalibert. Serin à 18 ans, il parlait aux premières lignes de 40 ans comme si c’étaient ses potes de crabos. J’espère que la suite sera la même pour Valentin." Hutteau avait effectué un test en Gironde l’an dernier et son adaptation avait déjà surpris les leaders bordelais. "J’avais l’impression que c’était un jeune du club, je ne savais pas qu’il était en test, poursuit Poirot. Il était super à l’aise, pas du tout déplacé mais à l’aise. Pour un gamin de 17 ans, il entrait dans le vestiaire des pros sans complexe, c’est top."

"Quelqu’un qui en impose à 18 ans, que tu respectes juste par son naturel. Ces mecs-là, généralement, ils y arrivent même si le chemin est encore long." 

Depuis le début de saison, il profite de l’absence du patron sur le poste, Maxime Lucu, pour s’épanouir. Lucu qui l’accompagne énormément depuis son arrivée dans son développement. "Il n’a pas eu beaucoup de temps pour gamberger, précise Christophe Laussucq l’entraineur de la défense et ancien n°9. Il s’est vite retrouvé sur le terrain et il a un vécu rugby déjà important bizarrement. Il a une réflexion poussée sur le jeu. C’est un vrai demi de mêlée et comme beaucoup de gamins de cette génération, il ne se pose pas de question."

Valentin Hutteau a participé aux 3e premières journées de Top 14. Contre Montauban, il a profité de ses 40 minutes sur la pelouse pour inscrire un premier essai chez les pros. "Pendant très longtemps, il était capable de faire gagner son équipe à lui tout seul en traversant le terrain, confirmait Ghiringhelli. Moins maintenant, car plus on monte de catégorie, plus l’adversité augmente. Mais il reste un facteur X." A l’UBB, sa jeunesse n’est plus un sujet depuis le début de la préparation. A tel point que Yannick Bru et son staff ont décidé de le titulariser à Paris contre le Stade Français, dans un match ciblé par Bordeaux pour récupérer les points perdus au Racing 92.

"Je disais à ma femme que j’allais jouer avec un mec en 9 qui a moins d’écart d’âge avec mon fils qu’avec moi. Il a 10 ans avec mon fils et 15 avec moi ! Ça, ça fait bizarre mais ça ne change pas la qualité du joueur, sur son début de saison c’est totalement mérité et mon rôle c’est qu’il fasse une grosse prestation." Depuis ses premiers pas en équipe de France jeunes, les comparaisons fleurissent à chaque fois que son nom est cité : Antoine Dupont pour le profil, Baptiste Serin pour le leadership affiché si jeune et Matthieu Jalibert pour son insouciance. "Je n’ai pas l’impression que ça lui pèse sur les épaules tant que ça mais il ne faut pas comparer et le mettre sous pression, termine Poirot. Moi je compare le caractère. Il y a des choses que tu sens, un charisme naturel. Quelqu’un qui en impose à 18 ans, que tu respectes juste par son naturel… Ces mecs-là, généralement, ils y arrivent même si le chemin est encore long." Grand espoir de la génération 2007 et du rugby français, Valentin Hutteau est de train de réussir avec brio ses débuts chez les grands.

Nicolas Paolorsi