Lièvremont est bien seul

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Ils ne sont pas nombreux à avoir vu la défaite de l’équipe de France (22-21) samedi à Rome. Tout simplement parce que la majorité des acteurs du Top 14 était concernée par la 21e journée du championnat. Pas certain que le résultat ait incité joueurs et entraîneurs à visionner la rencontre. Deux jours après le fiasco, les langues se délient. Dans le viseur : Marc Lièvremont et son staff, mais aussi les dirigeants de la FFR. « Les gens qui ont mis Marc et son staff en place sont-ils compétents pour choisir les meilleurs ? interroge le Toulousain Guy Novès. Quand elle est mauvaise, la situation doit être partagée par l’ensemble des acteurs. »
A son actif, Marc Lièvremont ne possède qu’une montée de Pro D2 en Top 14 avec Dax. Globalement apprécié, il traine son manque d’expérience. « Ça fait chier car humainement, c'est un bon mec, dit un entraîneur du Top 14 qui souhaite rester anonyme. Mais il s'est mis tout seul dans cette situation. Il n'a pas écouté nos remarques. » Un autre reprend : « Il faut au moins quinze ans de bagage avant de prendre les rênes d'une sélection. Tout est multiplié au niveau international. La communication et la pression des médias notamment. Il faut savoir éteindre les incendies. Là, on a l'impression que tout se dérobe sous ses pieds… »
Très discret sur les terrains
Beaucoup d’entraîneurs lui reprochent également de ne pas se déplacer dans les stades. Lui répond que ce n’est pas sa place. On l’aperçoit à Biarritz, où il réside, et à Paris. C’est tout. « Les coachs peuvent le renseigner sur l'état physique mais aussi mental des joueurs, lui donner un ressenti, continue un technicien. Puis ce n'est pas la même chose de voir un match dans un stade, plutôt que sur un DVD. Il passe à côté de certains détails. » Guy Novès va encore plus loin. « Quand Lièvremont dit qu’il repart de zéro, c’est ce qu’on ressent. On a l’impression que ce qui a été fait en trois ans et demi n’a servi à rien. » Quant aux propos de Laurent Labit, ils témoignent du fossé qui sépare le sélectionneur des entraîneurs. « Ça va être la faute du Top 14 qui n’est pas d’un très bon niveau, peste ironique l’entraîneur de Castres. Le championnat italien est sûrement meilleur que le championnat français, non ? »
Mais ce qui passe le moins bien, et notamment du côté de Toulouse, c’est la manière dont Marc Lièvremont s’est séparé de Clément Poitrenaud et, surtout, Yannick Jauzion. « C’est dur lorsqu’on entend qu’un joueur a terminé sa carrière internationale, râle Novès. Peut-être que cet entraîneur est très proche lui aussi de sa fin de carrière internationale. Dans une situation aussi difficile à vivre, je pense que les mots ont dépassé sa pensée, car c’est un entraîneur que je crois être proche de ses hommes. Mais chaque mot est étudié. On ne peut pas dire ça ; ça veut dire ‘Je suis là pour 20 ans et pour toi c’est fini.’ » Et quand on évoque les cas Picamoles et Fritz, les deux « oubliés » de la liste galloise, le manageur toulousain tacle, cinglant : « En ramenant des joueurs plus jeunes qui écouteront, ça sera peut-être plus simple pour le staff. »