Maulin : « Pas le droit de fausser le championnat »

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Gaston Maulin, comment avez-vous réagi au retrait de cinq points à Bourgoin ?
On s’y attendait un peu. Et puis que ce soit économiquement ou sportivement, notre situation ne nous permet pas de faire la fine bouche. Je n’ai pas à juger des cinq points. Je constate simplement qu’on ne peut pas tenir. Même un président comme Pierre Martinet commençait à en avoir marre d’ajouter de l’argent.
Et vous ?
J’en ai assez, mais je ne voulais pas voir mourir le club. Le soir des vœux une personne est venue me voir et m’a dit : « Vous ne me reconnaissez pas Monsieur Maulin ? En 1963 je jouais et vous étiez déjà vice-président du club. Quand il y avait un problème on se disait que Gaston allait le régler. » A l’époque, avec une dizaine de milliers de francs, on arrangeait les choses.
Qu’avez-vous dit à l’effectif ?
Je leur ai demandé de rester sportif jusqu’au bout. On n’a pas le droit de fausser la fin du championnat. Et puis vis-à-vis de nos partenaires, nous devons jouer le jeu. Les joueurs sont des professionnels et doivent assumer. Ils sont déjà malheureux à cause des résultats. Il faut se mettre à leur place. Ils ne peuvent pas être satisfaits. Le premier devant nous avait douze points d’avance et nous sommes deux à descendre. Ça ne change pas grand-chose sur le fond.
« On n’achète pas une Ferrari si on n’a pas d’essence à mettre dans le moteur »
Avez-vous le sentiment d’un gâchis ?
Il ne faut pas se faire d’illusion. Avec le professionnalisme et sans gros sponsor, Bourgoin ne peut pas tenir dans le Top 14. C’est de plus en plus vrai. Si les clubs n’ont pas de gros sponsors comme un Monsieur Fabre (ndlr : à Castres) ou un Monsieur Michelin (ndlr : à Clermont), voire les collectivités locales, ils ne peuvent pas tenir.
Quelles sont les prochaines échéances ?
Il faut préparer un budget et peut-être qu’un jour on accrochera un sponsor qui nous permettra de remonter. Une fois qu’on aura assaini le club, on repartira de l’avant. Il n’est pas question de liquidation. C’est un rêve. Certains l’auraient voulu. Actuellement, les joueurs sont payés et sans retard. On sait qu’il manquera de l’argent en fin de saison, mais on se battra pour combler le trou.
Vous semblez prendre la nouvelle avec philosophie…
Avant cette nouvelle, je disais déjà que si nous n’avons pas les moyens il ne faut pas aller trop haut. J’ai sauvé le club l’année passée en comblant un trou de 3,8M€. Là il reste 1,5M€ à combler. On le fera pour que le club ne dépose pas le bilan. L’année dernière j’avais proposé qu’on aille en Pro D2. On m’avait dit qu’on n’avait pas le droit de faire ça. On ne doit pas acheter de Ferrari si on n’a pas d’essence à mettre dans le moteur. C’est triste, mais c’est la réalité des choses.