RMC Sport

Michalak : « Je pensais rester au top »

Le demi d'ouverture toulousain s'est confié avant d'affronter le Stade Français.

Le demi d'ouverture toulousain s'est confié avant d'affronter le Stade Français. - -

Porté aux nues lors de la Coupe du Monde 2003, aujourd’hui sifflé par le public, Frédéric Michalak est un joueur atypique. A 26 ans, le demi d'ouverture du Stade Toulousain a accepté pour RMC Sport de faire le point sur sa carrière avant le choc face au Stade Français samedi au Stadium (16h25).

Frédéric, la pression sera sur les épaules du Stade Toulousain samedi face au Stade Français...
Oui, il faut gagner. Avec ou sans la manière, on doit remporter toutes les rencontres à la maison. Une victoire face à Paris ferait beaucoup de bien à tout le groupe.

Ce match est-il toujours le « classico » du Top 14 ?
Ça reste un gros match mais je ne sais pas si c’est le match de l’année. Il y a quelques années, Paris et Toulouse étaient en haut du classement. C’était les deux équipes que l’on craignait le plus. C’est moins le cas aujourd’hui car Toulouse est moins bon. On se cherche encore un peu. Paris aussi. Mais cela reste une belle affiche. Il y a de la qualité des deux côtés.

Pourriez-vous porter un jour le maillot du Stade Français ?
Non. Etant Toulousain, ce serait très difficile pour moi de porter le maillot de Paris. J’ai beaucoup d’attaches à Toulouse. Ça évoluera peut-être avec le temps mais je préférerais partir à l’étranger plutôt que jouer dans un autre club français. J’ai trop de respect pour Toulouse pour évoluer dans une autre équipe.

Il ne sera pas facile d’être champion de France cette saison...
C’est plus dur cette année. Toutes les équipes se sont renforcées. Les rapports de force se sont équilibrés. Mais on n’est jamais loin de la dernière marche. La saison passée, nous avons échoué en demi-finale. A Toulouse, nous pouvons aussi jouer sur deux tableaux, le championnat et la Coupe d’Europe. Avec beaucoup d’humilité, on va essayer d’être meilleur cette année.

Vous vous êtes révélé il y a six ans lors de la Coupe du monde 2003. Six années se sont écoulées. Quel regard portez-vous sur votre parcours ?
Je n’ai aucun regret. Il y a beaucoup d’insouciance quand on débute. Mais on la perd avec la pression qu’il y a autour. On essaie de rentrer dans un cadre pour faire plaisir à tout le monde. Avec le temps, on réalise qu’il faut bosser pour rester en haut. Je pensais sans doute que ça viendrait tout seul et que je resterais toujours au top. Mais il faut sans arrêt travailler. Je l’ai appris avec le temps.

Vous avez été beaucoup chahuté par le public toulonnais la semaine passée au stade Vélodrome...
Ça m’a fait plus rigoler qu’autre chose. On s’est chambré comme des gamins. Moi, je l’ai pris à la rigolade. Cela reste du sport. C’est rigolo de se faire traiter d’enc… par 60 000 personnes. J’ai essayé de répondre à ma façon en marquant un essai. Je reconnais que c’est bizarre d’entendre ça. Ce n’est pas habituel dans le rugby. Ce sport se rapproche du football car il y a de l’enjeu, de l’argent. Les gens ont de moins en moins de respect.

Vous n’avez pas souvent été épargné par le public...
J’essaie de me protéger par rapport à tout ça parce que ce n’est pas la réalité. Ce n’est que du sport. Je pense par exemple à mon père qui est maçon. Il monte un mur et il y a 80 000 personnes qui donnent leur avis sur sa façon de monter le mur. Mais c’est lui le maçon ! Les gens prennent parfois les choses trop au sérieux.

Avez-vous toujours l’équipe de France dans un coin de votre tête ?
Oui, cela reste le but ultime. Ça passe par de bonnes performances en club et le travail fourni chaque jour avec les Rouge et Noir. Si tu es bon, tu es pris. Je n’ai connu qu’une sélection en deux ans, donc ce n’est pas ce qui me motive le plus actuellement. Mais ça reste dans un coin de ma tête. Il faut patienter, se remettre en question et bosser. Si déjà je fais les efforts pour jouer avec le Stade Toulousain, ce qui n’est pas évident, c’est déjà pas mal. J’ai appris à relativiser.

Avez-vous des rêves pour la suite de votre carrière ?
Oui, j’aimerais gagner encore une Coupe d’Europe et un titre de champion de France. Ce serait vraiment le top. Et pourquoi pas un jour être champion du monde, un titre qu’il me manque. Après ça, en 2011, je pense que je pourrais arrêter (rires). Je serai trop vieux… Je ne pense pas encore à cette Coupe du monde. Comme en 2007, je me suis rendu compte que cela ne servait à rien. Il faut vivre au jour le jour et avoir la rage tous les week-ends. Etre performant aussi. 2011, c’est trop loin pour y penser.

La rédaction - Wilfried Templier