Spedding: "On me pousse à quitter la France et je le vis un peu mal"

Scott Spedding (Clermont) - AFP
Scott Spedding, quel est votre problème avec le statut des JIFF, les joueurs formés en France?
Je veux être clair. Je ne suis pas contre le système des JIFF pour protéger les jeunes Français ou l’équipe de France. Mais aujourd’hui, les compteurs sont placés tellement haut que certains clubs se séparent des joueurs non-JIFF. Mon problème, c’est ça, que les compteurs sont trop haut et cela devient compliqué pour les non-JIFF de trouver un club.
Est-ce qu’un club français vous recrutera si vous n’êtes pas JIFF?
Si j’avais ce statut de JIFF, plusieurs clubs seraient intéressés. Nous avons commencé les démarches pour être JIFF en novembre et à ce moment-là, plusieurs clubs se montraient très intéressés si je devenais JIFF parce que certains clubs ne recherchent que des JIFF. Aujourd’hui, au mois d’avril, cela a pris six mois. Et non, je ne fais pas ces démarches pour avoir un salaire plus gros, mais simplement pour poursuivre ma carrière en France. Tous ces contacts que j’avais en novembre ou décembre se trouvent au point mort pour le moment. Cela a trainé et les clubs sont passés à d’autres dossiers pour boucler leur recrutement. Si j’avais ce statut de JIFF, ce serait beaucoup plus facile.
Comment vivez-vous cette situation compliquée?
C’est frustrant car je ne pensais pas que cela prendrait autant de temps. Ma famille et moi ne savons pas où nous allons nous retrouver dans quelques mois. C’est frustrant. On va bientôt devoir déménager mais on ne sait pas où. C’est frustrant mais malheureusement, c’est comme ça. C’est usant. Déjà que l’on vit une saison compliquée avec Clermont, ce n’est pas le moment le plus facile mais c’est comme ça. J’ai ma famille donc j’ai encore du positif dans ma vie. J’essaye de positiver les choses.
Pensez-vous avoir des arguments supplémentaires en votre faveur? Comme vos sélections en équipe de France?
Jérôme Thion n’était pas JIFF, mais n’avait pas poussé les démarches car il se trouvait en fin de carrière. On a le même agent et il connaissait bien le dossier de Jérôme Thion. Dans mon cas, il y a un petit truc en ma faveur, c’est d’être passé par un centre de formation français. J’étais au centre à Brive et j’ai joué avec les espoirs. On a fini champion de France en 2008-2009 avant que cette règle ne soit en place. C’est ça mon problème. Cette règle n’était pas en vigueur quand j’étais au centre de formation. Je pense qu’ils devraient faire une exception pour ceux qui étaient dans un centre de formation avant l’instauration des JIFF en 2010. Je trouve cela un peu injuste.
Si vous obtenez le statut JIFF, arrêtez-vous les procédures?
Je ne sais pas, je n’y ai pas réfléchi. Je ne suis pas là pour mettre le bordel mais simplement pour poursuivre ma carrière. Cela fait dix ans que le vis en France et j’ai joué en équipe de France. J’ai créé une vie pour ma famille ici et je ne veux pas partir. On me pousse à partir et je le vis un peu mal.
Avez-vous déjà eu des promesses de la FFR sur une obtention future du statut de JIFF?
J’ai eu des discussions avec des dirigeants quand j’étais en équipe de France, au début des démarches. Tout le monde était d’accord pour dire qu’il était injuste que je n’ai pas ce statut. On m’a fait croire que si je suivais les étapes, la Fédération m’aiderait. Mais j’ai été lâché ce vendredi et cela m’a fait un peu mal. J’avais compris quand suivant les étapes tout se passerait bien. Je ne veux rien dire qui pourrait ensuite se retourner contre moi mais j’étais un peu choqué la semaine dernière.