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Talès : « Au début, on ne réalise pas »

Rémi Talès

Rémi Talès - -

A la surprise générale, Castres a été sacré champion de France en 2013. Rémi Talès, l’ouvreur du CO, se souvient de ce succès qui lui a permis d’intégrer le XV de France.

Rémi, comment avez-vous vécu la semaine avant la finale du Top 14 contre Toulon (19-14) ?

Ça passe très vite. Il fallait évacuer l’euphorie de la demi-finale (25-9 contre Clermont, ndlr) et les coaches l’ont très bien fait. On est resté à nôtre hôtel, on n’est pas sorti, on ne s’est pas éparpillé. Ce sont des petits détails mais on voulait aller au bout. Etre en finale n’était pas un aboutissement. L’aboutissement c’était de remporter le titre, c’était clair dans notre tête. En finale, on rencontre Toulon qui vient d’être champion d’Europe et qui annonce partout qu’il va réaliser le doublé et ça nous donne encore plus de force et d’envie de prouver le contraire. La finale, c’est magique à vivre. On se sent bien, on voit que Toulon n’arrive pas à nous déstabiliser et on donne toutes les forces qu’il nous reste. Et Rory Kockott fait un exploit juste avant la mi-temps (essai à la 40e minute, ndlr). Le match bascule de notre côté et quand on est en tête on ne lâche plus rien.

Soulever le bouclier de Brennus, c'est l'apothéose pour un joueur ?

Oui, c’est ça. On repense à toutes les finales qu’on a vues quand on était petit et qu’on regardait les pros lever ce bouclier. Ça représente quelque chose d’immense dans la vie d’un rugbyman. Quand on est proche du bouclier et qu’on est à deux doigts que le président nous le remette, ça fait quelque chose. Au début, on ne réalise pas, on se dit que ce n’est pas possible, qu’on rêve. Mais quand on fait le tour d’honneur, on est sur un nuage, il ne peut rien nous arriver. C’est vraiment une joie de l’avoir soulevé. En plus j’étais capitaine donc j’ai été le premier.

Savoir que vos entraîneurs (Laurent Labit et Laurent Travers) allaient rejoindre le Racing Métro en fin de saison a-t-il été facile à gérer ?

Ils ont été très clairs. Tout le monde a compris et respecté leur décision. Ils ont prouvé par la suite tout leur professionnalisme. Ils n’ont pas anticipé l’année suivante, ils sont restés jusqu’au bout avec nous. Ils voulaient vraiment partir la tête haute et aller au bout de l’aventure avec le CO. Ils savaient qu’il y avait le potentiel pour aller au bout. Ils ont très bien géré. Au début, il y a forcément eu quelques doutes sur leur implication mais ils ont prouvé de suite qu’ils étaient encore au CO jusqu’en juin et ils nous ont emmenés au titre suprême. On avait envie de bien finir l’aventure ensemble. Ça nous a donné une force.

La victoire de Castres est-elle un pied de nez aux grosses écuries du championnat ?

C’est le sport, il n’y a pas de vérité. On avait quand même une grosse équipe mais, médiatiquement, Castres ne fait pas rêver comme peuvent le faire d’autres clubs. On n’était quand même pas favoris vu les joueurs des autres équipes. C’est ce qui est beau dans le rugby et dans le sport en général. Montpellier l’avait prouvé au foot une saison auparavant. C’est bien qu’il y ait des surprises et que de petits clubs comme Castres puissent être un jour champion de France à l’heure du rugby professionnel. C’est une image forte qui prouve à tout le monde que, même sans un budget impressionnant, on peut être champion.

« Les Bleus ? Ça fait bizarre »

Après ce titre, vous rejoignez l'équipe de France en tournée en Nouvelle-Zélande...

Je découvre, c’est la première fois que je suis en équipe de France. C’est un moment particulier. En l’espace de trois jours, j’ai levé un bouclier et je suis arrivé en équipe de France. Ça fait bizarre au début mais j’étais content d’être parmi eux et de commencer une nouvelle aventure.

Comment vit-on ses premières sélections en équipe de France, face aux All Blacks ?

Ça fait bizarre. La première Marseillaise, c’est quelque chose de fort même si c’est autre chose devant le public français. Et le Haka, quand on est joueur de rugby, on veut le vivre. On l’a tellement vu à la télé qu’on veut se retrouver face à eux. Sur le troisième test, ils font le Kapa o Pango et celui-là marque vraiment. On sent que les mecs le vivent et veulent te passer dessus. Ça donne une force supplémentaire. Pour ma première titularisation, j’étais un peu sur l’euphorie de la fin de saison, fatigué aussi par tous ces évènements. J’ai essayé de prendre un maximum de plaisir avec tout ce qui me restait.

Où situez-vous ce XV de France dans la hiérarchie mondiale ?

Sportivement, l’année 2013 n’a vraiment pas été bonne avec seulement deux victoires. C’est très faible pour l’équipe de France. On a perdu en novembre contre la Nouvelle-Zélande (26-19) et l’Afrique du Sud (19-10), les deux meilleures nations du monde. On n’est pas les seuls à avoir perdu contre eux. C’est frustrant parce que, contre les Blacks, on n’était pas loin mais malheureusement on a encore fait deux erreurs qu’on a payées cash. L’équipe travaille, a envie d’avancer, il faut nous soutenir.

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