Top 12, jeunes, Bleus : Médard juge les idées de réforme

Arrière international, joueur du Stade Toulousain, Maxime Médard (29 ans) est directement concerné par les préconisations récemment dévoilées de la cellule technique FFR\/LNR. Après plusieurs saisons au plus haut niveau, il se réjouit d’éventuels changements. Et dénonce des aberrations concernant le calendrier ou le recrutement de jeunes joueurs étrangers.

Maxime Médard, vous êtes international français (46 sélections). Que pensez-vous des préconisations de la cellule technique concernant le rugby français ?

J’ai vu qu’ils voulaient faire un Top 12 pour 2018. Si on veut que l’équipe de France soit performante et si on veut avoir un championnat correct, c’est sûr qu’il faut changer les choses. Et je pense que faire un Top 12 serait pas mal. Après, franchement, ce n’est pas quelque chose qui me trotte dans la tête. Moi, j’essaye d’être bon sur le terrain. Il y a des gens pour réfléchir à ça. On connaît les problèmes du Top 14. Quand il y a l’équipe de France qui joue, le championnat a aussi lieu. C’est impensable de nos jours et il n’y a que notre sport où on voit ça.

Entre dix et douze semaines de vacances et de préparation pour les internationaux, ça laisse rêveur ?

En tous cas, quand tu as juste un mois de préparation pour aborder neuf ou dix mois de compétition, ce n’est pas forcément respecter les joueurs. C’est vrai qu’il y a dix ans, on pouvait faire de longues carrières, mais ça a changé. Il faut aussi penser à ces jeunes joueurs qui arrivent ou qui vont arriver.

En parlant de jeunes, on préconise d’optimiser leur temps de jeu en Top 14…

Moi, je trouve qu’on voit très peu de jeunes et c’est dommage pour le championnat. Et dommage pour l’équipe de France. Avec tous les jeunes que l’on forme… On dit qu’on a des problèmes de formation, mais on ne les fait pas jouer. Et puis on recrute des joueurs étrangers en catégorie Espoir alors qu’on a des joueurs très bons dans les clubs. Et ces jeunes français ont hâte de jouer, de montrer qu’ils sont capables de faire de belles choses. Si tu ne fais pas jouer ces joueurs là, ce n’est pas possible. Et recruter des étrangers à ce niveau, ce n’est pas une bonne solution. En plus, lorsqu’ils sont là depuis trois ou quatre ans, ils ne sont plus considérés comme étrangers… Sans parler des joueurs français qui se blessent, ce qui permet aux clubs de recruter des étrangers. Après, ce n’est pas un problème « d’être » étranger. Juste qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de jeunes qui sont très forts dans les clubs et je pense qu’il faudrait les faire jouer.

Faut-il resserrer le Tournoi des 6 Nations sur cinq semaines ?

Ce serait bien de faire un Tournoi « regroupé », de ne pas faire jouer le championnat en même temps. Même un autre problème va se présenter : faire une coupure de plus d’un mois pendant cette compétition, c’est compliqué aussi. Je l’ai vécu cette saison pendant la Coupe du monde. Faire deux intersaisons, c’est également compliqué. C’est un peu long.

Passeriez-vous la moitié de la saison en club et l’autre moitié avec l’équipe de France ?

Je ne sais pas… Après, c’est spécial pour moi. Ça fait dix ans que je joue à Toulouse, j’y suis né. Si tu me dis que pendant six mois, je joue au Stade et qu’ensuite, je laisse mes copains parce que je vais jouer en équipe de France, c’est compliqué. Même si j’aime jouer pour l’équipe de France, j’aime avant tout mon club aussi. Mais peut-être que pour les jeunes, ce sera différent. Parce qu’ils n’ont pas la même mentalité que nous. Ou que moi (sourire).

Depuis des années, on a l’impression de vous poser toujours les mêmes questions. Vous devez donc trouver ces idées positives ?

Oui, bien sûr. Ça va bouger. Moi, ça fait onze ans que je suis professionnel et c’est toujours les mêmes questions. Peut-être que là, on arrive à bout et qu’il y a beaucoup de gens qui veulent changer les choses. Et je trouve que c’est bien.

Wilfried Templier