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Top 14: comment les supporters font la chasse aux places pour les demi-finales

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Le Groupama Stadium devrait afficher complet vendredi et samedi soir pour les demi-finales de Top 14. Alors que la vente au grand public s’est achevée il y a plusieurs mois, beaucoup de supporters des clubs demi-finalistes, notamment les barragistes à Toulon et Bayonne, se sont plaint du faible quota de places (2450) qui leur été réservé. Mais à y regarder de plus près, il n’est pas toujours évident de tout écouler. Explications.

La grogne est souvent la même à cette époque de l’année. Passée l’euphorie de la victoire de leur club en barrages, les supporters ont quasiment toujours la même réaction: "il n’y a pas assez de places disponibles" ! A Toulon, Julien Perpère, le président des Fils de Besagne na cache pas sa déception devant les 2450 places à disposition. "On est surtout frustrés pour les supporters qui ne peuvent pas y aller. On ne peut même pas offrir une place à chaque abonné. Il faut s'imaginer que la billetterie est ouverte dans la nuit de samedi à dimanche et dimanche, il n'y a plus de place. Vingt-quatre heures après… donc ça veut dire que le temps de digérer la victoire en barrage, de réfléchir à comment on va y aller, avec qui on va y aller, il n'y avait plus de place".

La participation à cette grande fête des demi-finales a commencé depuis longtemps. La majorité des places ayant été mis en vente par la Ligue Nationale de Rugby dès le 12 novembre dernier. En cinq jours, 60 000 places avaient déjà été vendues et début janvier, les deux affiches étaient à guichets fermés (avec des packs à 70 euros comprenant une place pour chaque demie et plus de la moitié des places à des prix inférieurs à 60 euros). Ce week-end va donc rassembler des supporters de beaucoup de clubs en France, mais il ne fait pas que des heureux. "Je comprends bien la logique de la Ligue, qui est de remplir un stade très tôt dans l'année et d'être assuré d'être à guichets fermés", poursuit Julien Perpère.

"90% de touristes dans le stade"

"Mais ce dispositif là, il n'est pas pensé pour les supporters. Il n'est pas pensé du coup pour ceux qui font vivre le top 14 toute l'année. Et qui viennent au stade l'hiver. Aujourd'hui, il va y avoir 90% de touristes dans le stade. Alors quand je dis de touristes, ce n'est pas péjoratif, probablement des amateurs de rugby. Mais qui ne seront ni supporters du RCT ni de l'UBB. Ce n'est pas normal que ces gens-là soient quand même majoritaires par rapport aux supporters des deux clubs". On aurait pu penser que la frustration toulonnaise allait s’avérer contagieuse, notamment du côté du Pays basque, où les Bayonnais ont disposé de la journée de mardi pour attraper le précieux sésame. Sauf que…

Les trois clubs de supporters, le BOC (Bayonne d’Origine Certifié), la Pena Baiona et les Gars de l’Aviron avaient la charge de distribuer 900 places. Pour le reste, c’est le club lui-même qui se chargeait de vendre les 1500 restantes, sans avoir l’assurance de tout écouler. Mais le peu de temps, le trajet pas évident pour rallier Lyon depuis Bayonne (en voiture majoritairement avec pas loin de 8h de route) et le logement sont des écueils. Hier, Jacques, abonné de longue date, s’étonnait du peu de monde devant le stade Jean Dauger. "Ça m’a surpris. Ça fait quatre heures que je suis là, je m’attendais à une queue incroyable et finalement, ça vient au compte-goutte. J’espère que tout va se vendre. Il n’y a pas de raison de toutes façons".

1000 places encore à vendre pour Toulouse-Bayonne

Mais ce mercredi, 800 places restaient encore sur les bras des dirigeants de l’Aviron, obligés de les renvoyer à la Ligue Nationale de Rugby pour tenter de les vendre en urgence. Et même 200 de plus renvoyées par le Stade Toulousain. Un exemple qui pousse les dirigeants du rugby français – les présidents de clubs ont voté cette formule à l’unanimité en comité directeur en début de saison – à ne rien changer de leur modèle. Emmanuel Eschalier, le directeur général de l’institution, à assumer et garder ce modèle : "on peut comprendre la frustration des supporters s’ils ne peuvent pas acquérir de places pour suivre leur équipe, mais je pense que ce n'est pas le cas. Les quatre clubs ont pu servir toutes les demandes qu'ils ont reçues, donc il n’y a absolument pas de polémique".

Pour autant, la LNR ne peut pas courir le risque de voir des pans de tribunes vides ça et là. "On ne peut pas mettre en risque le remplissage des demi-finales en fonction de l’identité des équipes, de l'éloignement géographique par rapport au lieu des matchs, de la capacité des clubs à mobiliser de façon plus ou moins importante leurs supporters. C’est très variable selon les clubs. Et par ailleurs, les gens n’ont que cinq jours pour s'organiser. On l’a encore vu cette semaine, les clubs qui vont jouer vendredi et samedi sont des clubs qui suscitent un grand engouement populaire et qui ont une grande communauté de supporters. Pour autant, je pense que le quota de 2500 places par club qui a été attribué s'est avéré adapté à la situation". Le dirigeant promet la présence de bien plus de 2500 Toulousains, Bayonnais, Bordelais ou Toulonnais, pour ceux qui ont acheté leur billet longtemps à l’avance.

"On n’est pas inquiets"

Ces suiveurs plus sereins le conforteront, notamment chez les habitués du dernier carré, comme les Toulousains, quinzième demi-finale sur les dix-neuf de l’histoire du Top 14. Gilbert, abonné à Ernest Wallon, ne rate jamais un week-end comme celui qui se présente et patiente des mois avant, dès l’ouverture de la billetterie, devant son ordinateur. Même si son équipe peut ne pas être en lice ? "Quand on prend des places on ne sait pas si Toulouse va être qualifié. On l’espère". Avant de se reprendre… "il y a des grandes chances qu’on le soit. Même pour tout vous dire, on n’est pas inquiets". La force de l’habitude, modestement !

Wilfried Templier