Top 14 – “Pas pensé porter ce maillot un jour” avoue Arthur Retière, recrue du Stade Toulousain

Qu’est-ce qui vous a amené à devenir un joueur du Stade Toulousain?
J’ai toujours été attiré par le Stade et par son jeu de mouvement. Ça fait pas mal d’années que je suis en contact avec eux mais sans que ça n’aboutisse. Je pense que c’était la bonne occasion, avec la présence de mon petit frère (Edgard, demi d’ouverture qui évolue avec les Espoirs), d’arriver ici. Ça a été un peu de réflexion. Mais j’ai voulu signer rapidement, pour me libérer l’esprit pour la fin de saison dernière.
On a le sentiment que votre période rochelaise n’a pas été linéaire, entre les blessures et les matchs non disputés…
J’ai toujours eu des petits pépins physiques. Notamment avec ma pubalgie, pour laquelle je me suis fait infiltré plusieurs fois. Je n’arrivais pas à m’entraîner toute la semaine. Depuis que je me suis fait opérer, la saison dernière, je n’ai plus de douleurs. Ça va beaucoup mieux. Donc il y avait beaucoup de ça, puis des petits pépins qui étaient assez ch…
Vous avez vu dans la proposition du Stade Toulousain l’occasion d’un nouveau challenge ?
Oui. Il était peut-être temps de partir, je ne sais pas… et puis les blessures ont fait que j’ai signé assez tôt parce qu’avec quasiment une saison blanche c’était assez compliqué. J’ai donc pris ma décision assez tôt.
Vous êtes l’image du succès rochelais en Coupe d’Europe avec votre essai en toute fin de match face au Leinster. Un moment qui restera ?
Oui bien sûr ! On a toujours des flashs, les moments avec l’équipe, les mecs qu’il y avait. Ce groupe restera unique. On s’envoie toujours des messages, on se balance deux, trois conneries. Forcément, ça reste, surtout avec un titre comme ça.
Est-ce que quitter La Rochelle pour le Stade Toulousain, est-ce passer un palier ?
Oui et non. Je pense que depuis quelques temps, La Rochelle est inscrit dans les équipes de haut de tableau, avec deux finales de Coupe d’Europe, dont une gagnée et des phases finales de Top 14. Forcément, maintenant ils sont toujours dans les six. Je pense que la différence se fait au niveau trophées. Le Stade Toulousain est le club le plus titré. Là-dessus, oui. Maintenant, c’est à nous, joueurs du Stade Toulousain, de faire grandir le club et de remplir encore l’armoire à trophées.
Comment se passe votre découverte du club, de l’équipe, durant ces premières semaines ?
C’est intense. Le temps de se trouver avec tout le monde. Il y a quelques trucs qui changent en défense et aussi en attaque. Il faut se mettre au parfum et avoir les bons mots et les bons timings. On découvre un peu. Pas tout depuis le début tout de même car pas mal de choses se ressemblent. Mais je dois bien écouter et surtout apprendre.
Le club a beaucoup recruté chez les trois quarts. On se dit quoi devant cette concurrence ?
C’est bénéfique pour nous en fait. On s’entend tous très bien. Je ne connaissais pas Ange (Capuozzo) et Melvyn (Jaminet) mais l’essentiel est qu’on s’entende bien sur le terrain. C’est une concurrence, mais elle est très bonne. Elle nous amène à être plus fort et à progresser. On se tire vers le haut. On s’entraide toujours malgré le fait de jouer le même poste.
Vous arrivez sur la pointe des pieds ?
Bien sûr ! Parce que vous arrivez dans un nouveau club, vous ne savez pas trop ce qu’il se passe. Donc vous êtes à l’écoute et plutôt discret.
Ils découvriront le vrai Arthur Retière peut-être un peu plus tard ?
Non, je ne sais pas… on verra, on verra (il sourit)… enfin oui je pense. Je suis un peu timide. Il faut le temps pour que je me sente à l‘aise. Ça commence à aller mieux.
Comment est Arthur Retière dans un groupe en temps normal ?
Oh il balance deux, trois conneries… et il fait ch… pas mal de monde (large sourire).
« Dire que je veux jouer ici ou ici, ce serait se tromper »
Plus sérieusement, ressentez-vous le côté « prestige » de porter ce maillot, cet écusson, passer après tous les grands joueurs qui ont évolué avec ?
Oui forcément. On a eu deux, trois réunions là-dessus. Forcément, c’est un honneur de porter le maillot du Stade Toulousain. Je ne sais pas si j’avais pensé le porter un jour. Surtout avec mon petit frère. C’est quelque chose d’assez incroyable, pour moi et pour lui je pense. C’est effectivement aussi penser à ça, que c’est un énorme privilège. Donc il faut gagner le plus possible pour continuer à faire ce que le Stade Toulousain est aujourd’hui.
Dans un an aura lieu la Coupe du monde de rugby en France. Vous comptez une sélection (7 minutes de jeu contre l’Irlande, au Stade de France, le 31 octobre 2020) mais depuis, vous n’avez jamais été rappelé. Savez-vous pourquoi ?
J’avais toujours mes soucis d’adducteurs. La pubalgie me suit depuis mes 18 ans (il en a 25, ndlr). J’ai fait pas mal d’exercice, je me suis fait infiltrer trois fois le pubis, c’était assez compliqué. Un matin, je ne pouvais plus me lever. Je n’avais plus d’abdos, je ne pouvais plus bouger et j’ai dû me lever sur le côté. Là, je me suis dit « il faut qu’on arrête ». Et je me suis fait opérer. Ça m’a fait beaucoup de bien et là, tout a changé. Après, je n’avais pas été rappelé. J’avais besoin de bosser des choses, notamment sur les ballons hauts. Et aussi d’être à cent pour cent. J’ai essayé de bosser de mon côté mais les grosses blessures ne m’ont pas aidées.
Votre axe de progression se situe principalement sur le jeu au pied ?
Oui. Jeu au pied et réception de jeu au pied. On sait maintenant qu’on attend d’un ailier qu’il tape dans le ballon. Donc on essaye de bien bosser là-dessus. A moi de continuer à travailler pour être meilleur.
Et gagner sa place pour ne plus être un joker de luxe ?
La polyvalence est une bonne chose. J’ai toujours connu ça depuis maintenant cinq ou six ans. Et ça m’a beaucoup aidé quand j’étais jeune. Aujourd’hui dire que je veux jouer ici ou ici, ce serait se tromper. Dans le meilleur des cas, jouer deux ou trois postes, ça apporte beaucoup à l’équipe. Et aider le groupe, c’est ce qui est le mieux.
Parce qu’on en arrive à ne plus connaître votre poste…
Ouais (il rigole)… j’ai joué arrière, ailier, neuf. Après, je préfère jouer ailier ou arrière. Mais si on me demande de jouer à la mêlée, bien sûr que je dirai oui.