Top 14: pourquoi le match Bayonne-UBB est aussi tendu en coulisses

L’embrouille Tayeb-Bru
Ils ont été amis pendant 25 ans et ont permis à l’Aviron Bayonnais de retrouver l’élite du rugby français. Yannick Bru a été le manager du club basque pendant quatre ans (2018-2022). Ses relations avec son président Philippe Tayeb sont alors excellentes. Le duo connait deux accessions pour une descente. Mais des tensions naissent. Bru était venu pour un projet lié à la construction d’un centre de performance dernier cri avec un énorme investissement sur la formation pour créer une "usine à champions". Phillipe Tayeb décide lui d’agrandir d’abord les tribunes de Jean-Dauger avant de sortir un centre d’entrainement qui ne répondait pas aux attentes de Yannick Bru. La séparation entre les deux hommes est brutale malgré la remontée de Bayonne en Top 14.
Le point de non-retour est définitivement atteint l’an dernier lorsque Bru vient s’imposer à Dauger avec sa nouvelle équipe de l’UBB. L’ancien talonneur croise son ex-président sur la pelouse, ils s’invectivent. Bru donne quelques claques derrière la nuque à Tayeb qui porte plainte pour "violences volontaires dans une enceinte sportive", avec la circonstance aggravante de "propos à caractère raciste sur le pays d’origine". Si la LNR ne donne qu’un avertissement au manager bordelais, la procédure judiciaire suit encore son cours. Yannick Bru a été entendu au mois d’octobre dans cette affaire. Aucune des deux parties n’a souhaité répondre lorsque nous les avons sollicitées.
Tatafu, la trahison qui ne passe pas à Bordeaux
C’est le dernier épisode des relations houleuses et celui-ci a laissé des traces chez Laurent Marti, le président de l’UBB. À Bordeaux, on ne digère toujours pas le choix de Tevita Tatafu, le pilier droit de l’équipe de France qui avait signé un précontrat avec l’UBB pendant l’été. Son futur club négociait avec l’Aviron Bayonnais sa clause de sortie fixée à 500.000 euros. Les relations plus que tendues entre Philippe Tayeb et Yannick Bru n’avaient pas facilité la tâche de Laurent Marti, mais en Gironde, on restait extrêmement optimiste quant à l’issue du dossier. À tel point que trois jours avant l’annonce de sa prolongation à Bayonne (officielle le dimanche 26 janvier dernier), l’agent avec lequel il avait signé le précontrat bordelais et son gestionnaire de patrimoine visitaient une maison à dix minutes du centre d’entraînement de Bègles.
Tayeb a finalement convaincu Tatafu de rester à Bayonne au dernier moment. Marti l’a appris via le communiqué de l’Aviron et la pilule a du mal à passer. Il va attaquer le joueur en justice pour obtenir un dédommagement. Tatafu ne sera pas, lui, sur la feuille contre l’UBB ce samedi.
L’UBB attire les jeunes bayonnais
Même si cette saison Bayonne s’invite parmi les trouble-fêtes pour une qualification en phase finale, l’Aviron et l’UBB n’ont pas les mêmes ambitions sportives. Les Girondins sont devenus attractifs et de nombreux jeunes joueurs basques ont quitté leur club formateur pour rejoindre le projet de Yannick Bru. Mateo Garcia en 2020, Hugo Boniface en 2022. L’année dernière, c’est le pilier gauche Mathis Perchaud qui a choisi de rejoindre Bordeaux avant la fin de son contrat avec le club basque moyennant une indemnité de 500.000 euros.
Un transfert qui avait fait réagir l’Aviron Bayonnais dénonçant les méthodes bordelaises. "L’insistance de l’UBB a donc conduit Mathis Perchaud à effectuer un choix de carrière au détriment de l’Aviron", notifiait Bayonne dans un communiqué. Cette saison, c’est l’international français des moins de 20 ans Xan Mousques qui a choisi l’UBB. L’Aviron tente tant bien que mal de contrer l’exode de ses grands talents mais difficile de rivaliser face à la force de frappe de Bordeaux et de ses nombreux internationaux.