Top 14. Salary cap: Montpellier entend être blanchi par la commission d’appel

- - AFP
Antoine Vey, quelle est exactement la position de Montpellier concernant le salary cap?
Montpellier soutient dans son principe la règlementation du salary cap. Dans le principe, personne n’est contre. Mais ce qui pose problème, c’est sa mise en œuvre et ses modèles d’application. Le traitement est particulièrement opaque, difficile à anticiper et rend cette réglementation inapplicable. C’est plus globalement révélateur d’une façon de procéder discutable. Manifestement, les gens qui participent à ça n’ont pas suffisamment de moyens ou de compétences pour le faire correctement. Il serait nécessaire que les choses soient encadrées de manière plus claire. Il ne faudrait pas une seule personne (le salary cap manager) - soumise à des pressions de toutes sortes et dont l’indépendance proclamée mais non établie pose question - soit chargée de cette application mais une instance indépendante et collégiale, avec un vrai échange au stade préliminaire.
En établissant le salary cap, la LNR a voulu harmoniser le niveau du Top 14…
Oui, mais ce n’est pas uniquement pour ça que cela a été mis en place. Cela a été fait de façon un peu amateur. Comme le président Mohed Altrad a eu à cœur de le dénoncer depuis le début de ce dossier, on peut faire les choses de manière beaucoup plus transparente et contradictoire. C’est pour cela que Montpellier a été mis hors de cause en première instance. On estime qu’il est anormal de devoir se justifier alors qu’il n’y a eu aucun manquement à la réglementation imputé au club, qui est ainsi victime de cette mauvaise gestion et cette mauvaise application.
Etiez-vous étonné que la LNR fasse appel de la décision de la DNACG de blanchir le MHR?
Oui, car la décision qui a mis Montpellier hors de cause est particulièrement claire, complète et motivée. Elle conclut qu’il n’y a eu aucun manquement aux règles du salary cap. On pensait que c’était suffisant et que le point avait été débattu. C’est pénible et cela nécessite beaucoup d’énergie pour le club.
Etes-vous confiants?
Oui, nous sommes sereins sauf qu’on se bat contre des règles très mal définies, difficilement compréhensibles. Nous craignons qu’on donne tout pouvoir aux instances, à la demande de la Ligue et dont des membres de la commission d’appel ont été désignés par son comité directeur, de sanctionner tel ou tel club pour envoyer un message. Or, je le redis, il n’y a eu aucun manquement aux règles du salary cap par Montpellier. En tout état de cause, le club devrait être mis hors de cause une deuxième fois.
Avez-vous le sentiment que Montpellier est ciblé?
Oui, bien évidement car Montpellier pose débat, avec un président très investi dans la modernisation du rugby. Il est assez facile d’essayer de l’isoler. Il y a une forme de discrimination sur ce club qui a été le seul à voir son dossier renvoyé au motif de déplacement du plafond du salary cap. Nous dénonçons le fait de ne pas connaitre les bases de ce renvoi décidé en catimini par le bureau de la LNR, de ne pas savoir comment cela est décidé et de ne pas pourvoir intervenir de manière contradictoire avant d’être mis en cause. On espère que cette audience permettra a minima de réfléchir à l’édiction de meilleures règles.
Certains observateurs et acteurs du Top 14 accusent en off Montpellier de contourner le salary cap en payant une partie des joueurs à l’étranger. Que leur répondez-vous?
Cela est révélateur des règles complètement hallucinantes. On ne peut pas juste soutenir qu’il y a des paiements à l’étranger, que des choses fictives se produisent, sans apporter la moindre preuve concrète. Le club est au centre des rumeurs, de l’amateurisme. Accuser à tort ou calomnier sans preuve est critiquable, cela fait partie des éléments que l’on dénonce.
Montpellier retourne devant la commission d’appel de la FFR un an après l’affaire imputée à Bernard Laporte…
Cette affaire a été hyper médiatisée avant même que le début du commencement d’une explication. Cela participe du même système. Il y a une pseudo guerre entre différents interlocuteurs du rugby français. Montpellier, quant à lui, s’est institutionnalisé avec l’envie de promouvoir un rugby plus professionnel. Il faut sortir de ce débat stérile avec plus de transparence.
Un dispositif renforcé autour du salary cap:
La Ligue nationale de rugby a annoncé, la semaine dernière, de nouvelles mesures visant à renforcer l'application du salary cap. "Le rugby professionnel est le seul sport en France à s'être doté d'un mécanisme de plafonnement de la masse salariale des clubs, selon la LNR. Ce choix d'autorégulation, voté par les 30 clubs professionnels, a le double avantage de préserver l'équilibre financier des clubs mais également de garantir l'équité et l'attractivité des championnats de Top 14 et de Pro D2."
Les mesures:
- Simplification du montant, maintenant de 11,3 M€ par an.
- Stabilisation de ce montant sur les trois saisons à venir.
- Renforcement des prérogatives du Salary Cap Manager.
- Renforcement du dispositif des contrôles responsabilisant tous les acteurs.
- Interdiction de recruter pendant trois ans dans le barème des sanctions.
- Création d’une section au sein de la Commission de Discipline et des Règlements pour régler les contentieux.
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