Top 14: "Si La Rochelle ramène le Bouclier? Vous n’êtes pas prêts!", lance Dany Priso

Dany, vos pas de danse, torse nu debout sur le bus, ne sont pas passés inaperçus dimanche sur le Vieux Port de La Rochelle!
C’était exceptionnel. Après, la victoire, on savait qu’on avait gagné mais on ne se rendait pas vraiment compte de ce qu’on venait de faire. On a vraiment pris une claque dans la gueule en arrivant sur ce put*** de port! C’était fou… Franchement, je n’ai jamais vu ça de ma vie. Cette ferveur est monstrueuse.
Avez-vous eu la sensation de vivre sur une autre planète, l’espace de quelques jours ?
Clairement. Je commence à redescendre un peu car ce week-end, il y a un match. Mais là je suis encore un peu fatigué de cette débauche. Clairement, c’était une débauche (rires). Il va falloir se calmer et se remettre la tête à l’endroit parce que ce serait beau de ramener le Bouclier. Maintenant, il y a du travail derrière.
Malgré cette fatigue, cette euphorie liée au premier titre de l’histoire du club peut-elle vous porter comme elle a porté d’autres clubs par le passé? On pense par exemple à Toulouse l’an dernier, avec ce rare doublé Champions Cup-Top 14…
Bien sûr. Comme je le dis depuis un moment, on ne peut plus se cacher. Là, ça fait plusieurs années qu’on surfe sur de bonnes prestations en Top 14 comme en coupe d’Europe. On a concrétisé ça en ramenant le premier titre de la ville. Bien sûr qu’on est prétendants au Bouclier et qu’on va se donner les moyens de pouvoir aller le chercher. Le premier titre est le plus difficile à conquérir.
Quoi qu’il arrive, rejoindrez-vous Toulon à l’intersaison avec le sentiment du devoir accompli?
Oui exactement. On a amené ce club sur le toit de l’Europe! Quand je suis arrivé ici, je voulais faire partie des premiers mecs qui ramènent un titre à ce très beau club, cette ville et ces supporters qui ont toujours été derrière nous. On l’a fait. Chacun a lâché sa petite larme. Il y a tellement eu un trop plein d’émotions, on s’est tous effondrés. Même si je m’étais promis de ne pas pleurer, de garder ma fierté. Merci Retière (sourire).
"Merci Retière! Il a réussi à me faire chialer"
Vous faites référence à l’essai du sacre, qu’il marque en toute fin de match?
Il a réussi à me faire chialer… Arthur, c’est le frérot. Que ce soit lui qui nous apporte ça, ça m’a encore un peu plus touché que certains. C’était un choix de ma part de quitter La Rochelle. J’ai passé six belles années ici, je ne regrette pas du tout.
Il vous reste potentiellement quatre matchs, voire trois, à disputer jusqu’au Brennus. Comment le groupe aborde-t-il la suite ?
On va tout donner, s’envoyer à 100%. On n’a pas habitude de tricher sur un terrain. On sait les capacités de notre groupe.
Sentez-vous le groupe déjà prêt à repartir au combat dès dimanche?
Là, tout de suite, maintenant? Non! (rires) On est sur une phase de récupération, pour pouvoir éliminer un peu la débauche de ces quelques jours. Mais tout le monde est conscient de ce qu’il peut se passer si on va chercher quelque chose à Lyon: potentiellement recevoir un quart de finale ici. Et ce n’est pas la même. En plus, ce serait magnifique de ramener le trophée dans le stade. C’est une énorme motivation pour aller chercher un résultat.
Quel regard portez-vous sur le changement définitif de statut du Stade Rochelais, aux yeux des observateurs et adversaires?
On montre que cette petite ville, ce petit club qui s’est construit doucement fait partie aujourd’hui des grands et veut s’installer à très haut niveau. Il fallait vraiment marquer le coup pour dire que la Rochelle ne peut plus se cacher. La saison prochaine, ils vont devoir défendre leur titre. Déjà qu’on l’a vu cette année, peu importe où l’on mettait les pieds, on était attendus. Donc ça va être pareil et encore pire (sourire).
"Si le sélectionneur veut m’appeler, il sait où me contacter"
Qui sait, Toulon sera peut-être la première équipe à se frotter à La Rochelle, avec toute la colonie d’anciens Rochelais (Priso, West, Tanguy, Sinzelle)…
[Il éclate de rires] Ça, je n’y avais pas encore pensé! C’est sûr que serait un truc un peu particulier de jouer ces mecs avec qui je vis quasiment tous les jours depuis six ans.
Vous semblez retrouver votre meilleur niveau ces dernières semaines, après deux saisons plus compliquées et une opération finalement inéluctable d’un doigt. Vous devez aborder la suite avec beaucoup d’enthousiasme, non?
Je ne calcule pas, comme je dis souvent, je ne me prends pas la tête. Pendant ma blessure, j’ai essayé de bosser beaucoup de points faibles. Je me suis parfois oublié en me mettant au service du collectif, en ne jouant pas mon jeu. Petit à petit, les bonnes sensations sont revenues. Je me sens bien. Je prends énormément de plaisir. Le rugby, c’est un jeu. Le jour où j’arrêterai de prendre du plaisir en jouant, il sera tant que j’arrête. Quand je suis sur le terrain, je veux m’amuser au maximum. Tout ce qui est stratégie, il y a assez de mecs pour pouvoir gérer ça.
Vous manifestez régulièrement votre désir de retrouver la sélection. Si vous aviez été rappelé lors du dernier Tournoi des VI Nations, la dernière de vos 14 sélections remonte à l’été 2019. Or, vu que vous êtes en pleine bourre…
Je ne l’ai jamais caché en effet. J’essaie juste d’être performant avec le club et de montrer de quoi je suis capable. Si le sélectionneur veut m’appeler, il sait où me contacter. Ils l’ont déjà fait donc (rires)... Je continue à travailler, j’espère pouvoir faire partie du groupe. Ce qui se passe ces derniers temps donne envie. Qui n’aimerait pas faire partie de ce groupe? Il y a un bon groupe là-haut, je les connais tous. Participer avec eux, ce ne serait que du bonheur.
Si vous avez l’opportunité de revivre une parade avant de partir, est-il vraiment possible de faire mieux?
Je pense que si La Rochelle ramène le Bouclier, ça va être chaud, on n’est pas prêts pour ce qui va arriver! Et je pense que vous n’êtes pas prêts pour ce que je vais sortir, aussi (rires). Parce que, là, ça va être n’importe quoi. Ce sera à l’instinct!