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Top 14: "Un opportunisme malsain" de certains présidents, dénonce Marti

Entretien RMC SPORT. Le président de l’Union Bordeaux-Bègles, Laurent Marti, est très remonté contre certains de ses homologues qui ont décidé d’écarter, mercredi, le système de bonus-malus pour la saison prochaine. Il a d’ailleurs décidé de quitter les réunions de travail, ne participant plus qu’aux visioconférences du mercredi en présence de tous les présidents de clubs. Par ailleurs, Marti espère toujours que sa formation puisse être sacré sur le terrain après des phases finales, mais pas sur tapis vert.

Les présidents de Top 14 et Pro D2 ont voté, mercredi, pour que les clubs repartent à zéro la saison prochaine, écartant ainsi la possibilité d’un système de bonus-malus en cas d’annulation de la saison. Quelle est votre réaction?

Ce que l’on souhaite pour l’instant, c’est que la pandémie s’arrête, que les gens soient en sécurité et que l’on puisse finir la saison sur le terrain. Comme on le dit depuis le début, on n’a pas envie de gagner sur tapis vert, mais bien en combattant sur le terrain si, et j’insiste, la protection des personnes est assurée. Si ce n’est pas possible, et ça on ne le sait pas, dire qu’on va tout effacer d’un revers de mains, alors que deux tiers des matchs ont été joués, il y a de l’iniquité et de l'injustice.

On vous sent remonté…

Cela me fait penser que les autres présidents veulent sauver leur saison sur tapis vert. Ce n’est pas forcément très honnête. On touche à l’iniquité. Je suis un peu déçu de voir que les présidents ont, vite, vite, balayé ça alors qu’on aurait pu penser que la justice, l’honnêteté et le courage d’assumer leurs résultats sur le terrain, auraient pu les inciter à réfléchir à des formules qui auraient pu donner un petit avantage. Cela m’aurait fait plaisir de sentir un peu plus d’honnêteté intellectuelle. C’est chacun pour sa pomme et chacun jouera ce jeu-là dorénavant. C’est pire en Pro D2 qui a disputé 75% de ses matchs, trois sur quatre donc, alors que nous c’est deux sur trois. Leur dire: vous ne montez pas, on ne vous donne aucune chance de monter, et en plus vous avez joué 75% des matchs mais vous repartez avec zéro comme les petits copains… On a vécu de grands moments d’injustice hier.

"Régler nos comptes sur le terrain"

Les positions sont-elles de plus en plus tendues?

C’est normal de penser en fonction de ses intérêts. Ce n’est pas nouveau, c’est la nature humaine. Mais comme je le dis depuis le début, il y a des limites à tout ça. Il faut être honnête intellectuellement. Certains clubs ont bien travaillé, ils ont pris des risques et sont passés par des moments difficiles. A-t-on le droit par opportunisme malsain de tout leur prendre et de tout leur voler? C’est surprenant. J’ai lu voilà quelques jours une interview de Bernard Laporte dans Sud Ouest. On lui demande pourquoi il veut faire monter des clubs de Fédérale 1 en Pro D2 et il répond qu’on ne peut pas tout effacer d’une saison aussi avancée. C’est valable pour les clubs de Top 14 et Pro D2. Ce que l’on veut, c’est que tout le monde mette de la bonne volonté et – si la pandémie le permet, si le gouvernement le permet – que l’on finisse de régler nos comptes sur le terrain. Pas sur tapis vert.

Certains de vos homologues estimaient que ce système de bonus-malus ou de péréquations n’était pas du sport mais du bricolage. Que leur répondez-vous?

(Rires) Que j’aimerais avoir leur avis s’ils étaient en tête du classement.

Tout le monde est-il d’accord pour dire que la saison ne pourra pas se finir dans son intégralité, avec encore neuf journées régulières et les phases finales?

Oui, c’est exact. L’idée serait de disputer uniquement des phases finales avec une équité que l’on n’a jamais connue. Comme je vous l’ai déjà expliqué, on propose une formule du premier au huitième. Cela qualifierait Montpellier et Toulouse qui ne se seraient peut-être pas qualifiés. Cela signifierait que les deux premiers se mettent en danger sur un quart de finale alors qu’ils ne l’auraient pas disputé normalement. Cela aurait le mérite d’organiser des phases finales avec des quarts, des demies et une finale. Cela ne demande que trois dates.

"Le titre? Sans phases finales, on ne le demandera pas"

Si la saison ne reprend pas, Bordeaux-Bègles, leader après 17 journées, peut-il être malgré tout sacré champion de France?

En n’ayant joué que 17 journées, on ne demandera rien.

Vous ne demanderez pas une éventuelle attribution du titre?

Non, on ne le demandera pas. Et si on nous le propose, on réfléchira à l’accepter ou pas. Ce n’est pas sûr.

Pourquoi?

Parce qu’on veut le gagner sur le terrain! A neuf journées de la fin, l’UBB a huit points d’avance sur le deuxième (Lyon), quinze points sur le troisième (Racing 92), 21 points sur le sixième (Clermont). On le sait mais nous ne sommes pas comme certains de nos collègues qui veulent profiter de la situation... On veut gagner les choses, mais sur le terrain.

Propos recueillis par Jean-François Paturaud