Top14-Pro D2: Goze recadre les présidents

Les dirigeants du rugby français veulent prendre leur temps. Prévu mardi, le comité directeur de la Ligue Nationale de Rugby a donc été décalé à la fin du mois comme indiqué dans un communiqué envoyé samedi en début de soirée.
"Face à une situation sanitaire complexe et évolutive, la Ligue Nationale de Rugby se donne le temps de la réflexion avant de prendre, en concertation avec la FFR, les premières décisions liées à la situation", peut-on y lire.
La LNR attentive à l'évolution de l'épidémie
Il faudra attendre une ou plus sûrement deux semaines pour que ce comité directeur, décisif pour la fin de saison et la prochaine, se tienne. "C’est bien l’évolution de la situation sanitaire qui dictera le calendrier des semaines et mois à venir", voilà le discours en interne.
Surtout qu’un prolongement du confinement est plus que probable en raison de l’épidémie de coronavirus. Il est donc urgent d’attendre, surtout que le Ministère des Sports n’a pas encore demandé au rugby, comme au football, d’abandonner ses espoirs de rejouer la fin de saison.
"Hors de question de prendre des risques avec la santé"
C’est justement ce qu’a tenu à rappeler, vendredi, le président de la LNR, Paul Goze, dans un mail envoyé à tous les présidents et représentants de Top 14 et Pro D2 selon nos informations. Courrier que RMC Sport s’est procuré.
"La reprise des championnats, que nous ne pouvons tous qu’espérer, ne se fera que si la situation sanitaire le permet, écrit-il en préambule. Il est hors de question de prendre des risques avec la santé des joueurs, des staffs, des membres des clubs, des spectateurs. La santé est la priorité absolue. Les éléments de réponse seront ceux que donneront les pouvoirs publics qui doivent être notre seule boussole au-delà de toute considération sportive et économique."
Goze joue l'apaisement
Alors que la tension est montée d’un cran entre présidents ces derniers jours, avec notamment un courriel de La Rochelle auquel avait répondu le Racing 92, Paul Goze a demandé plus d’apaisement. En gros, il n’est pas question d’étaler ses états d’âme dans la presse, ni le contenu des différentes réunions de travail.
"Je comprends que chacun ait des positions à faire valoir mais si chaque jour l’un puis l’autre des clubs prend l’initiative d’adresser sa propre proposition à la collectivité à l’aune de la situation de son club, nous courrons à l’échec", indique encore le dirigeant.
Tayeb: "Goze s’affirme comme un vrai patron"
Certains y voient un souhait de la LNR de s’affirmer devant les clubs et même de réduire le débat public. Pour d’autres, le recadrage était nécessaire. Joint par RMC Sport, le Bayonnais Philippe Tayeb a notamment apprécié la démarche. "Paul Goze s’affirme comme un vrai patron et c’est ce qu’il faut dans ces moments de crise", a-t-il réagi alors que nous avions déjà le courrier en notre possession.
Le président de la LNR a d’ailleurs regretté les fuites dans "les médias, qui sont à l’évidence instrumentalisés pour faire prévaloir des intérêts individuels" tout en indiquant: "Je vous livre ces quelques mots qui je n’en doute pas un instant finiront dans les médias!"
Une discussion prévue avec la FFR
Dans un quatrième point, le président de la LNR, qui travaille en étroite collaboration avec son DG Emmanuel Eschalier, a évidemment évoqué l’épineuse question du format des championnats la saison prochaine pour le Top 14 et la Pro D2. Sans rentrer dans le détail. Il faudra de toute façon en discuter dans les prochains jours avec la Fédération qui souhaite la montée de Massy et Albi en Pro D2, en tête de leurs poules de Fédérale 1, comme nous le révélions vendredi.
Le rendez-vous devrait se tenir mardi avec une visioconférence entre les deux parties selon nos informations. Le lendemain, les présidents de clubs de Top 14 et Pro D2 seront à nouveau réunis pour tenter d’avancer leurs réflexions. "Les décisions prises collectivement devront in fine être assumées collectivement: sur le terrain de la santé des joueurs, sur le terrain sportif, sur le terrain financier et sur celui de la valorisation de notre championnat, relance Paul Goze dans son courrier. Le contraire d’une gestion au jour le jour à courte vue."
En Pro D2, on veut se faire entendre
Mais, selon nos informations, en coulisses les tensions demeurent. Notamment du côté de la Pro D2, à Colomiers et Perpignan. "L’idée de dire que ce serait le statu quo pour la saison prochaine, c’est le pire message qu’on envoie à nos partenaires et à nos supporters, expliquait Francois Rivière sur RMC ce samedi. Au niveau de la D2, on risque d’être coincé entre les deux wagons du train, ce qui risque de nous faire mal à la tête. Si d’un côté, pour x raisons, il n’y a pas de descente du Top 14 mais tout de même deux montées de Fédérale 1, comme la FFR nous l’a écrit vendredi, cela va retomber sur des clubs, comme Colomiers, Grenoble, Oyonnax et nous, qui n’ont pas démérité. C’est très injuste."
Le président catalan a par ailleurs proposé de terminer la saison plus tard, pourquoi pas d’août à octobre, et de démarrer la suivante en janvier. "Cela aurait l’avantage de nous caler sur les nations du sud et de jouer notre championnat, au soleil, l’été", dit-il. Une proposition qui n’a pas franchement emballé le président Goze.
Trop risqué de trancher maintenant?
D'autres enfin sont toujours persuadés que la saison ne reprendra pas. Mais à la LNR, encore une fois, on ne veut pas se précipiter tant qu’il y a de l’espoir de disputer au moins des phases finales. "La Ligue attend que le gouvernement prenne les décisions, avance une source. Et ce serait trop dangereux de trancher maintenant car elle se mettrait en porte-à-faux par rapport à son diffuseur (Canal +) et ses sponsors."
Goze qui "aurait aimé dans ces circonstances exceptionnelles leur (vous) adresser un message avec davantage d’empathie" demandait samedi bel et bien aux présidents de ne pas de désunir. C’est encore loin d’être acquis.