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UBB: la "métamorphose Urios" est en marche

Si l’Union Bordeaux-Bègles, éliminée aux portes de la finale du Top 14 samedi dernier, reprendra le chemin de l’entraînement le 25 juillet, son manager Christophe Urios planche déjà sur l’évolution de son management après une fin de saison marquée notamment par l’épisode conflictuel avec certains de ses cadres.

Son amour pour le milieu des vignes est de notoriété publique. Mercredi midi encore, au moment de dresser le bilan du cru 2021-2022 de l’Union-Bordeaux-Bègles devant la presse, Christophe Urios avait maquillé son traditionnel et désormais emblématique Powerpoint de fin de saison de dizaines de bouteilles – une bonne rangée à chaque chapitre – de Petrus 1986. Un millésime d’exception pour livrer les détails d’une saison que le manager girondin juge "réussie" à défaut d’être "optimisée".

"C’est là où je suis déçu, d’ailleurs, rebondit Urios devant une récolte finalement mi figue-mi raison au regard d’une première moitié d’exercice canon laissant augurer la perspective d’un tout premier titre national pour le club pour le club au scapulaire, dans son ère moderne. C’est moi qui doit apporter ça, je n’ai pas réussi à le faire […] Pendant la période dure, je n’ai pas été bon ni inspirant. Gentil mais pas assez clair, précis et rigoureux."

Un constat en forme de mea culpa. Principalement envers le fidèle public de Chaban que le patron du staff, en tête de cortège, estime avoir "déçu". Au point d’en remettre en question certains de ses préceptes.

"Mon job de l'été"

"La saison prochaine ? Ce sera le management de la métamorphose", a notamment clamé Christophe Urios, mercredi, admettant avoir "déjà plein d’idées pour évoluer, chercher à (s’)adapter, progresser….". Trouver la clé, aussi, pour façonner un groupe "plus engagé pendant onze mois de l’année à travers notre façon de nous entraîner et de jouer."

Une métamorphose, vous dites ? Davantage intérieure qu’extérieure. Ne vous attendez pas à le voir débarquer au Ceva Campus, le lundi 25 juillet pour la reprise de l’entraînement, avec "un nez rouge et une perruque blonde". Ni, plaisante-t-il, "20 kilos" de moins. Les ressorts sont avant tout psychologiques. Ou comment infuser, par exemple, à toutes les strates du club, la notion de "haine de la défaite" plutôt que celle, versée à toutes les sauces, de "culture de la gagne."

"Si je ne change pas…. au mieux, on ira en demie. Ce qui est déjà très bien, attention. Mais pour aller en finale, il faut que je change, synthétise Urios. C’est mon job de l’été". Un début d’été dont il profitera des moments seul ou en famille - "déconnecté de la pression du résultat. C’est là où ça phosphore et j’invente les saisons d’après" - pour trouver "les étincelles" capables d’"accrocher les joueurs encore plus."

Mieux cerner un groupe parfois déroutant

La séquence vaut le détour. "Es-tu un rebelle ?", fait mine de s’interroger Christophe Urios, en personne, sur l’une de ses diapositives où la question surplombe une photo de son visage. S’il jure qu’il tiendra bientôt la recette, l’emblématique patron du staff de l’UBB a néanmoins du pain sur la planche. Faute d’avoir réussi, jusqu’ici, à véritablement cerner son groupe.

"Parfois, je suis dans l’incompréhension, concède l’ancien boss du CO. Mon groupe à Castres, je le connaissais par cœur, je savais comment ils (les joueurs) allaient réagir. Eux, je ne sais pas ! Ça me met en difficulté. On a fait un conseil des sages le matin de la demie. Un joueur important, là depuis peu, a dit : 'c’est la première fois que je vis dans un groupe comme ça, je ne sais jamais comment on va être pendant le match…' […] Il faut que je prépare des choses pour la reprise qui me permettent de contrôler ça." Ou comment inculquer un "changement d’état d’esprit."

"Maintenant qu’on a travaillé la vigne, fabriqué le vin, éleveé le vin, il faut le vendre ! Ce sera la thématique de la reprise. La quatrième saison, c’est celle où il faut se payer."

"Ca fait trois ans que je suis là, trois ans que j’ai les mêmes problèmes et que parfois je n’arrive pas à les régler, poursuit celui qui, l’hiver dernier, a prolongé jusqu’en 2025 son bail avec Bordeaux-Bègles. Trois ans que le dernier match avant les vacances, en novembre et février, on se fait casser la gueule et on perd. Trois ans ! C’est un signe ça quand même, non ?"

Puisque l’analogie avec le vin n’est jamais fortuite pour un Christophe Urios désireux de se bonifier pendant l’intersaison, la base de son projet sportif ne pouvait se décliner autrement : "Maintenant qu’on a travaillé la vigne, fabriqué le vin, élevé le vin, il faut le vendre ! Ce sera la thématique de la reprise. La quatrième saison, c’est celle où il faut se payer." Après avoir surtout payé pour apprendre, l’UBB d’Urios veut maintenant servir son meilleur millésime.

Romain Asselin